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Ran Eiki (Lié de Kaoru <3)

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Ran Eiki (Lié de Kaoru <3) Empty Ran Eiki (Lié de Kaoru <3)

Message par Riamu Mer 23 Mai - 22:09

Ran Eiki (Lié de Kaoru <3) 672a2210

Ran Eiki
26 ans
Facteur pour le TPAI
Japonais
Bisexuel

Né en 2083.

Mars 2089 (6 ans)
« Mais enfin ma puce, tu vois bien que les garçons ont un problème non ? »

Le front plissé par l’inquiétude, Baku, père et mari aimant, tente de faire entendre raison à sa douce moitié, Miwako. La mine agacée par les propos de son mari, maman agite les mains dans les airs, rougissant de frustration. Tu as toujours aimé la voir s’énerver.. C’est plutôt drôle non ?

« Je ne vois pas pourquoi tu racontes ce genre de choses ! C’est parfaitement ridicule ! »

De quoi peuvent-ils parler avec tant d’énergie ? Tant de ferveur ? Tes billes océan quittent le livre de ton frère, s’arrimant au visage de ton père. Visiblement, quelque chose d’important se passe, sans que vous n’y soyez invités, pourtant tu sens curieusement, dans ton petit cœur, que cela vous concerne, Kazu et toi.

« Allons bon ! ne me dis pas que tu n’as rien remarqué ? Ils se ferment au monde qui les entoure. Personne ne semble pouvoir réellement les atteindre, pas même nous ! Comme s’ils étaient dans une bulle. »

Dans une bulle ? Le nez retroussé par la perplexité, tu poses ton attention sur ton frère jumeau qui, lui, ne se soucie guère de ce qui se dit ici. Tu ne vois pas de bulle pourtant. Que raconte papa enfin ? Cela n’a ni queue ni tête.

« Je comprends tes inquiétudes chéri, mais tu sais comme moi, que les jumeaux ont un lien particulier… »

Ses trait se tirent et se tordent. Maman a souvent cette mine lorsque vous faites des bêtises. Tu lèves tes petites mains devant tes yeux, les détaillant avec sérieux et attention. Non. Il n’y a ni trace de peinture, ni confiture sur ces mains. Alors ce n’est pas vous qui avez fait une bêtise. Peut-être papa ?

« Oui ma puce, je sais mais le pédiatre a aussi dit que c’était à nous de nous assurer qu’ils aient un bon développement sociale. Ce n’est pas sain de les laisser se renfermer sur eux-mêmes comme ils le font. »

Un soupir las franchit les lèvres rosées de maman tandis qu’elle se laisse choir sur le canapé, à côté de toi. Sa main manucurée de rose se glisse dans ta tignasse rousse et un doux sourire fend ses lippes. Et tu réponds à ce sourire, sans réellement comprendre ce qui se passe, appuyant davantage ton visage au creux de sa main.

« Ce ne sont que des enfants, Baku. Laissons-les l’être le plus longtemps possible… »

Papa aussi soupire, vous rejoignant à son tour avec la mine de l’abdication.

« Comme tu voudras. »

Tes iris de ciel se posent sur le visage concentré de ton frère avant que tu ne rampes vers lui, déposant une main sur l’un de ses genoux repliés, le secouant.

« Kazu-nii-san ! Tu écoutes un peu ? »

Par-dessus ses lunettes, ton aîné de deux minutes, te lance un regard embaumé de rêverie, battant des cils face à cette question qui lui semble tomber de nulle part.

« Mais de quoi tu parles, Ran. Ce que disent les grands, ne nous regarde pas ! »

Tu rougis en abaissant le regard, gonflant tes joues de petit garçon sermonné. De toute façon, Kazu, il dit tout le temps des phrases comme ça, de celles que papa et maman n’arrêtent pas de répéter. Il parle comme un livre. Un peu vexé, tu fronces les sourcils avant de lui chaparder son bien pour partir à toutes jambes.

« Hoï Ran ! C’est à moi ! »

Il crie, ton frangin, et toi tu ris à gorge déployé.

« Tu as raison Miwako… Ce ne sont que des enfants.. »

Oui. Vous n’êtes que des gosses après tout… Pourtant, cette excuse aura de douloureuse conséquence. Il est si aisé de se cacher derrière des préceptes idiots, des croyances infondées…


Octobre 2093 (10 ans)

Ta main désespérément serrée autour de celle de Kazu, tu déglutis, les larmes aux bords des yeux. Ce n’est pas juste. Non. Vraiment pas. Pourquoi fallait-il que les choses se passent ainsi ? Ta gorge est nouée, tu peines à respirer. Le bâtiment se dresse fièrement devant tes billes d’azur, ferme et menaçant. La cour de récréation vous tend les bras, des bras froids et austères, porteurs d’une promesse de séparation. Tu te tournes vers ton frère, ta seconde main rejoignant la première, pressant fortement les doigts de ton aîné. Tu renifles, mordant violemment ta lèvre inférieure afin de retenir tes sanglots. Kazu pose alors un regard déterminé dans le tiens, acquiesçant.

« Bon ! ça ne va pas être simple mais on va y arriver ! Le déménagement a été dur mais maintenant, papa a plus de sous et maman peut rester à la maison maintenant. Alors on va faire de notre mieux ! Puis y’a la récré ! »

Des larmes roulent sur tes joues malgré les encouragements de Kazu et tu t’empresses d’essuyer ton visage larmoyant, du revers de la manche de ton pull. Kazu est tellement plus fort et courageux que toi… Comment vas-tu faire sans lui ? Il est ton phare, ton guide depuis le premier jour de votre naissance. C’est même lui, le premier à être sorti à la lumière du jour, désireux de s’assurer que vous ne courriez aucun danger. Puis tu l’avais suivi deux minutes plus tard et il en a toujours été ainsi depuis. Tu le suis. Où qu’il aille, quoi qu’il fasse, jamais tu ne te détaches de ton frère, comme une ombre. Tu ne fais pas grand-chose pourtant, lorsqu’il lit, tu te contentes de l’observer tout en jouant sur une vieille console portable, s’il fait ses devoirs, tu tentes de faire les tiens avant de finalement laisser tomber et simplement regarder ton jumeau s’activer. Il est tellement tout ce que tu n’es pas. Plus intelligent. Plus scolaire. Plus vif. Plus bavard. Plus tout. Toi, tu es le moins Ran. Le moins drôle, le moins remarquable, le moins patient. Le moins tout. Même là, tu es le moins fort de vous deux.

Vous inspirez tous deux, cherchant à agripper votre courage avant de poser le premier pied dans la cour d’école. Ce geste basique te fait un drôle d’effet et tu observes ton frère du coin de l’œil. Une étrange sensation t’étreint alors le cœur, comme si quelque chose avait changé… Comme si quelque chose d’imperceptible, d’impossible à voir, venait de se modifier contre ton gré. Tu ne saurais dire de quoi il s’agit pourtant tu le sens, là, au fond de ton cœur et dans la main de Kazu. Tu la serres plus fort, la mine basse. Non tu n’as vraiment pas envie d’aller dans cette nouvelle classe, séparé de ton précieux frère jumeau. Pourtant il va bien falloir que tu t’y fasses, Ran, car ton frère vient de t’y conduire.

« Aller ! faut que je me dépêche sinon je vais être en retard ! On se voit à la récréation ! »

Et sur ces paroles, il dépose un baiser sur ton front avant de s’éloigner en courant dans le couloir. Toi, tu restes là un moment, tes yeux fixant son dos alors que la veste de votre uniforme se dandine de droite à gauche. Tu serres les poings, inspires pour te donner courage. Tu peux le faire Ran. Tu vas le faire, pour lui, pour Kazu et puis… la récréation, ce n’est pas dans si longtemps que ça. Tu pivotes en direction de la salle de classe et lorsque ton regard rencontre ceux, intrigués, de tes camarades, une violente rougeur s’empare de tes joues et tu te hâtes de rejoindre un pupitre vide, au fond de la classe. Dans ta précipitation, tu ne remarques pas tout de suite la lanière du sac qui repose sur le sol et tout naturellement, tu poses la semelle de ta pantoufle d’école, droit dessus ce qui te vaut de découvrir que tu sais faire un semi grand écart, avant que ton nez ne vienne violemment heurter le sol. Un geignement de douleur t’échappe alors que tu tentes de te relever maladroitement. Tu les entends n’est-ce pas ? Ils ne rigolent pas mais leurs chuchotements sont encore plus bruyants. Plus bruyants et… Plus douloureux. Une fois sur tes deux jambes, tu n’oses pas regarder les autres et te presses de rejoindre ta place. Tu déposes alors ton sac à côté de ton pupitre avant de croiser les bras sur ce dernier, y enfouissant ton visage mortifié de honte. Finalement, l’attente jusqu’à la récréation, risque d’être plus longue que prévue.

Quelques instants plus tard, la cloche annonçant le début de la demi-heure de pause, retentit enfin, pour ton plus grand soulagement. Il faut dire que passer deux heures à fixer le sol, c’est plutôt long et ennuyeux à la longue pourtant tu ne pouvais pas faire autrement. Affronter le regard des autres, prendre le risque d’y lire des sentiments qui ne te plairaient pas… Non c’était au-dessus de tes forces. Pas en ce premier jour de cours. C’était trop pour toi. Alors tu avais simplement attendu que le temps file, te renfermant sur toi-même et ignorant copieusement la maitresse lorsqu’elle tentait de t’inclure dans le cours qu’elle donnait. Tu n’avais pas besoin d’elle après tout… Juste de Kazu. Le reste t’importait peu. A peine sorti de ta salle de cours, tu t’es mis à courir aussi vite que tu pouvais, sautant les marches des escaliers, évitant de justesse de heurter un ou deux professeurs, ignorant leur remontrances lointaines. Kazu…Kazu… Où était-il ? Sa matinée fut sans doute aussi longue et dure que la tienne pas vrai ? Tu lui as sûrement manqué, autant qu’il t’a manqué. Il te tarde de le retrouver. Tu as besoin de lui. Désespérément besoin. Alors que le souffle vient à te manquer, tu finis par débouler dans la cour d’école, la respiration haletante et le front en sueur. De tes iris d’azur, tu parcours la multitude d’élève, fouillant avec empressement et cherchant une paire de lunette posée sur deux billes d’or.

Tu le trouves. Ça y est. Immédiatement, ton visage s’illumine d’un large sourire et ta main se lève en direction de ton jumeau, prête à lui faire de grands signes. Mais tu t’arrêtes. Tu te ravises. Qu’est-ce que ? Ta main droite en guise de visière, comme si cela allait te permettre d’avoir une meilleure vue, tu observes ton frère. Aurais-tu mal vu ou est-il en train de rire à gorge déployée avec ce garçon aux cheveux noirs ? Tu n’es pas sûr de comprendre. Alors, en catimini, tu files vers l’extrême opposé de la cour, longeant les grillages, ton regard définitivement vissé sur les traits rieurs de ton frère. A mesure que tu te rapproches, tu réalises que Kazu est en train de jouer une partie de foot avec trois autres garçons, sans doute de sa classe et ton cœur se serre toujours un peu plus, à chaque seconde qui défile, lorsque tu remarques que pas une fois, il n’a levé les yeux. Ne te cherche-t-il pas ? A-t-il déjà oublié que vous deviez vous retrouver ? Figé, comme pétrifié par ce spectacle qui te noue les tripes, tu n’as de cesse de le détailler encore et encore. Pourquoi n’a-t-il pas l’air triste ? Pourquoi ne te cherche-t-il pas ? Pire encore…il ne te voit toujours pas alors que toi, tu ne vois que lui. Pourtant il est juste là. A quelques mètres. Alors pourquoi ?

Soudain, ta vision se trouble, tes yeux s’embuant de larmes alors que tu sens tes jambes commencer à flageoler. Tu vas pleurer, pour la deuxième fois de la journée. Ton cœur te brûle, ta mâchoire se serre et voici que tu files à toute allure vers le bâtiment de l’école. Tu enjambes maladroitement les marches qui mènent à ton étage, manquant à nouveau de t’étaler sur le carrelage, avant de t’engouffrer à la hâte dans les toilettes des garçons, t’enfermant à double tour dans l’une des cabines. Tu abaisses rapidement le couvercle avant de te laisser tomber sur ce dernier. Puis tu craques. D’innombrables larmes jonchent tes joues de leur souffrance et seuls quelques geignements plaintifs, se laissent entendre de temps à autre. Pourquoi pleures-tu, petit Ran, ? Parce que tu réalises que Kazu n’a pas besoin de toi. Parce que tu comprends que ton monde a toujours tourné autour de lui mais que la réciproque n’était pas forcément vraie. Parce que tu ne lui suffis pas. Parce qu’il n’a Jamais, eu besoin de toi. Ta peine silencieuse te gardera prisonnier de son règne, jusqu’à la fin de la journée et ce n’est que sur le départ pour la maison, qu’enfin, tu retrouveras ton frère.

« ça va Ran ? »

L’inquiétude dans sa voix te fait mal. C’est facile de s’inquiéter maintenant, maintenant qu’il n’a personne d’autre. Tu fuis son regard, sachant pertinemment que si tu croisais le siens, il lirait en toi avec autant d’aisance que dans l’un de ses livres. Tu choisis de marcher un mètre devant lui, ton attention résolument portée sur l’horizon.

« Oui ça va. Juste un peu crevé par cette première journée… »

Un éclat de rire de sa part attire alors soudainement ton attention avant qu’il ne vienne passer son bras autour de tes épaules.

« Ah ça ! Tu n’as jamais vraiment été très scolaire toi ! »

Une rougeur s’empare de ton visage alors que tu bougonnes maladroitement quelques maigres arguments. Puis le silence se fait alors que vous continuez de marcher. Un silence que tu trouves désagréable, douloureux… Les choses changent n’est-ce pas ? Pourtant le silence n’est pas une chose rare entre vous, il s’installe toujours tranquillement, comme un ami. Mais maintenant… C’est différent. Tes iris se reportent sur la silhouette de votre immeuble, que tu distingues non loin et tes dents viennent maltraiter ta lèvre inférieure. Tu avais raison de ne pas vouloir entrer dans cette cour… Quelque chose a bien été brisé.


Juin 2098 (15 ans)

« Tu vois pourtant que Non, tout ne va pas bien ! »

La voix de ta mère monte dans les aiguës en prononçant cette phrase, elle fait toujours ça, quand quelque chose la touche. Assi en face d’elle, papa lâche un soupir, visiblement lassé par cette conversation qui se répète trop souvent ces derniers temps.

« Je ne vois pas où est le problème ? Ils changent, surtout Ran mais c’est normal à 15 ans ! Chacun trouve son caractère et se distingue ! Ce n’est pas parce qu’ils sont jumeaux qu’ils doivent forcément être pareils en tous points. Kazu se concentre sur son diplôme du lycée et Ran… Ran n’est pas en dessous de la moyenne au moins. »

Les yeux vairons de ta mère, l’un de ciel, l’autre d’or, s’écarquillent violemment sous la stupeur, menaçant de sortir de leurs orbites respectifs. Sa main s’abat sèchement sur la table à manger.

« Mais je ne te parle pas de ça, chéri ! Regarde-les ! Kazu s’épanouit en tant que jeune homme c’est vrai mais Ran il est… Il est… »
« Devenu plus… affirmé disons. Il s’éloigne de son frère depuis plusieurs années et même si c’est curieux, ce n’est pas un mal pour autant. Petit, il restait scotché à Kazu, alors excuse-moi de trouver son besoin d’indépendance, plutôt rassurant. »

Un soupir las s’échappe des lèvres de maman, de ceux que l’on pousse lorsque nos vis-à-vis s’obstinent sur la mauvaise voie.

« Il ne sourit plus comme avant… »
« Je vais bien maman. »

Tes parents tressaillent en cœur, tournant simultanément leur visage dans ta direction.

« Ran ? »

Elle se lève, une rougeur s’invitant sur ses traits alors qu’elle s’approche de toi, posant sa main contre ta joue en un geste qui se veut rassurant. Tes prunelles rencontrent les siennes et la pointe d’inquiétude que tu y décèles, te fend le cœur.

« Tu es là depuis longtemps ? »

Une bonne dizaine de minutes, adossé contre la paroi du couloir, bras croisés, silencieux. Oui tu écoutais, tu l’écoutais citer la pure vérité qui englobe ton existence. Tu n’es plus le même n’est-ce pas ? Ta peine à l’encontre de ton frère a su faire naître en toi une dureté implacable, une froideur presque effrayante. Envolé l’enfant rieur, soufflé par la colère de l’adolescent meurtri et furieux… Si furieux… Kazu ne le remarque pas. Kazu ne le voit pas. Kazu vit sa vie lui. Un cercle d’amis. Une passion nouvelle pour la photo. Une ou deux petites amourettes, de ci de là. N’est-il pas le plus après tout ? le plus tout. Parce que tu as de moins bons résultats scolaires que lui. Parce que tu as moins d’intérêt pour ton avenir professionnel. Parce que tu es moins sociable. Parce que tu es moins tout. Une fatalité que tu te répètes comme un mantra malsain et à chaque fois que tes yeux se posent sur le visage souriant de ton frère, une douloureuse lame empoisonnée s’enfonce toujours plus loin dans tes entrailles. Certains l’appellent jalousie, d’autres rancœur. Tu ne saurais dire.

Tu adresses un léger sourire à ta mère en guise de réponse avant de la contourner. Tu viens te saisir de ton sac de sport, posé sous le porte manteau de l’entrée. Si Kazu s’est découvert un talent pour la photo, toi, tu as appris que le sport peut être salvateur. Alors tu cours parfois. Tu cognes dans des sacs de frappe ou tu soulèves quelques poids. Ça libère. Ça permet de se sentir entier, pleins, pour un temps, avant que la réalité ne te rattrape lorsque tu sors de la salle de fitness. Tu t’accroupis vers le contenant de tissu, en sors ton jogging ainsi que ta paire d’écouteurs. Tu te glisses ensuite dans ta chambre, enfilant ta tenue de course, préparant la musique sur ton portable avant d’enfoncer tes écouteurs dans tes oreilles.

« Je vais courir. »

Il t’a semblé que tes parents t’ont souhaité bonne course. Tu n’en es pas sûr, la musique hurlant de trop dans tes tympans. Tu dévales les 5 étages d’escaliers à vive allure, tu as toujours été doué pour courir, avant de débouler dans la rue. Tu évites de justesse un groupe d’enfants avant de te mettre à avancer entre les badauds des rues. Enfermé dans ta bulle, tu sens ton cœur accélérer ses battements, tapant de plus en plus furieusement contre cette poitrine soudainement devenue trop étroite. Ton souffle se mue en une comptine saccadée, brûlant ta gorge et enflammant tes poumons. Qu’il est bon de se sentir vivant. Alors tu cours. Encore. Encore. Sans entrave. Sans que personne n’ose se mettre sur ton chemin. Puis, tout à coup, quelque chose attire ton attention. Un point. Un point orange vif, remuant à quelques mètres, dans le parc dont tu t’approches. Curieux, tes sourcils se froncent et tu augmentes la cadence de tes pas. Les traits se font alors plus nets, les silhouettes se dessinent et finalement, tu arrêtes ta course. Penché en direction du sol, les mains appuyées sur tes cuisses, tu inspires et expires rapidement, cherchant à calmer ton souffle. Au bout de quelques instants tu finis par te redresser et lorsque tu Les vois, la stupeur te fait ôter l’un de tes écouteurs. Ta conscience se retrouve brutalement secouée par les bruits du centre-ville pourtant tu distingues très nettement son rire cristallin.

Kazu se tient là, juste en face, assis sur un muret, un large sourire béat fendant son visage. Perplexe, tu te faufiles parmi les piétons en train de traverser et, tout comme lorsque tu étais enfant, tu suis le flot humain avant de rejoindre un point d’observation approprié. Qui est cette fille, aux cheveux auburn et au chaud regard chocolaté ? Tu ne l’as jamais vue n’est-ce pas ? Aussi décides-tu de t’approcher un peu plus. Un peu recroquevillé dans la foule, tu files sur la pointe des pieds, jusqu’au premier buisson et t’y accroupis avant de te pencher vers l’avant. Tu entends le rire de ton frère. C’est toi ou…il glousse ? Tu te penches encore un peu, juste pour voir et puis là tout à coup, Kazu croise ton regard. Extrêmement gêné, tu te recules à la hâte, tombant en arrière, la mine rouge écarlate. Merde. Il t’a vu. Alors même que tu faisais ce sinistre constat, voici que son visage apparaît au-dessus de toi, visiblement troublé, bien vite accompagné par celui de la demoiselle.

« Oh ? Ran ? Qu’est-ce que tu fiches ici ? »

Tes joues se gonflent sous l’agacement tandis que tu te relèves, époussetant tes vêtements comme s’il n’y avait rien de troublant à t’être retrouvé ainsi étalé parterre.

« Le parc t’appartient peut-être ? Je courais. »

Un fin sourire étire ses lèvres. Tu rougis davantage. Détournant le regard.

« Ho c’est fou comme vous êtes pareils ! »

La voix de la demoiselle te rappelle sa présence ainsi que la raison de ton espionnage raté, aussi décides-tu de te dérider un peu afin de mieux l’observer. Elle est mignonne. Semble gentille. Tes iris passent alors sur le visage de ton frère. Et là, tu comprends.

« Oh heu Evangéline, je te présente mon frère, Ran. »

Evangéline huh ? Tu arques un sourcil avant qu’un curieux sourire vienne fendre tes lèvres. Cette fille, Kazu en est fou amoureux. Il la couve du regard n’est-ce pas ? Ce que tu y lis… t’émeut autant que cela t’écœure. Il l’aime. Oui il l’aime Elle. A nouveau, une désagréable sensation se glisse au creux de ton ventre, tordant tes boyaux et écrasant ton estomac. Instinctivement, ta main vient se poser sur la zone douloureuse tandis que ton visage retrouve sa froideur habituelle.

« Bon je vous laisse. J’ai un footing à finir. Amusez-vous bien. »

Tournant les talons, tu reprends ta course là où tu l’avais laissée. Ce soir, tu n’allais pas rentrer les mains vides… Ce soir tu rentrerais avec un cadeau des plus délicieux. Un présent, aux allures de revanche.

Novembre 2101 (18 ans)

« Ran je… je t’aime ! »

Elle les avait presque criés, ces trois petits mots, comme si te le jeter avec force au visage, t’empêcherait de les rejeter. Un fin sourire habille tes lèvres. Ta main s’encre sur la nuque d’Evangéline, l’attirant à toi avant de nouer tes lèvres aux siennes. Ça y est. Enfin. Il t’en avait fallu du temps, n’est-ce pas ? Du temps pour séduire cette jeune femme que tu n’aimais pas. Du temps pour la faire choir de ton côté et non de celui de ton frère. Tu avais dû multiplier les petites attentions, les fausses confidences et les cadeaux. Un travail de longue haleine, un but que tu n’étais pas certain d’atteindre. Pourtant elle est là, lovée contre ton corps, ses lèvres désespérément agrippées aux tiennes. Elle t’appartient enfin… Alors que vos bouches s’apprivoisent, lentement, l’une de tes mains commence à se glisser sous le haut de son uniforme, entrant ainsi en contact avec la chair chaude de son ventre. Sur le qui-vive, tu observes ses réactions, prêt à faire demi-tour à la moindre attitude négative. Il serait dommage de tout gâcher maintenant. Tu attends une protestation, un rejet… Mais rien. Alors tu continues et progresses… Jusqu’à ce que vos corps acceptent de s’unir pour former la bête à deux dos.

Vos ébats terminés, il ne t’a pas fallu longtemps avant de remettre ton caleçon sur ton intimité. Fut-ce agréable ? Bien entendu. Tu jettes un regard par-dessus ton épaule, observant Evangéline, enveloppée dans les draps, un doux sourire aux lèvres. N’est-ce pas un jeu cruel que tu joues-là, Ran ? Et elle ? T’y as pensé ? Tes iris rebondissent ensuite sur l’horloge posée sur la table de chevet. C’est l’heure. Soudain, tu entends la porte d’entrée de l’appartement s’ouvrir et des bruits de pas commencent à se rapprocher de la chambre. Un sourire mauvais s’invite sur tes traits. Va-t-il mordre à l’hameçon ? Les pas se dirigent d’abord vers la salle du séjour vide, maman étant chez une amie et papa au travail, puis, ces derniers se précipitent dans votre direction. Tout à coup, la porte s’ouvre à la volée sur un Kazu totalement désemparé par le spectacle qui s’offre à lui. Ses prunelles d’or s’arriment d’abord au visage gêné d’Evangéline, se voilant d’un linceul de tristesse.

« Eva… ? »

Puis son regard daigne enfin se poser sur ta personne. Tu y vois plusieurs émotions, se disputant farouchement ce territoire abandonné. D’abord la stupeur. Puis le choc. La peine et enfin… La colère.

« RAN ! »

Il crache ton prénom comme une insulte, baignant ce dernier d’une amertume sans borne. Ton sourire s’élargit alors que tu écartes les bras, t’offrant totalement à sa colère. Incapable de se contenir davantage, Kazu se jette littéralement sur toi, te projetant avec violence contre l’armoire de vos parents pour ensuite t’asséner un furieux coup de poing en pleins visage. Evangéline laisse échapper un cri de stupeur avant de rester figée sur le lit. Toi, tu titubes vers l’arrière, une douleur chaude léchant ta joue tandis qu’une gerbe de sang se répand dans ta bouche. Tu craches une salive rougeoyante sur le sol avant de fondre sur ton frère. Tu l’attrapes en premier à la gorge avant de lui envoyer à ton tour, un coup de poing au visage. Il recule avant de revenir à la charge lui aussi, un grognement haineux s’extirpant de ses lèvres. Les coups pleuvent encore et encore entre vous, brisant quelques bibelots et libérant toute la haine accumulée de ces dernières années. Vous ne vous épargnez pas, ne retenant nullement vos coups et visant toujours dans le but de mettre l’autre k.o. Puis, après plusieurs minutes de violence, la douleur et la fatigue finissent par se disputer les droits sur vos corps respectifs et vous vous effondrez sur le sol, vos visages porteurs d’innombrables ecchymoses et autres gerbes de sang.

Vos souffles haletant sont, pendant un moment, les seuls habilités à briser le règne du silence pesant de la pièce. Evangéline, tétanisée sur le lit, n’a pu qu’assister à la terrible scène de deux jumeaux, se déchirant plus furieusement que des inconnus, totalement impuissante. Ton regard s’arrime sur les lames du plafond. Respirer te fait mal. Tu tousses. Une vive douleur t’enserre la poitrine. Une côte ou deux de cassées sans doute.

« Ran… Pourquoi t’as fait ça ? »

Du coin de l’œil, tu observes son visage tourné dans ta direction. Marqué. Abîmé. Tes billes d’azur se reportent sur le plafond boisé. Tu inspires, grimaçant tant la douleur est pénible à supporter. Ta langue humecte alors ta lèvre inférieure tandis que tu abdiques à ton tour, résigné à tout lui avouer.

« ça fait mal hein ? Quand on t’enlève ce que tu as de plus précieux. Je voulais que tu ressentes cette peine… Que tu saches ce que ça fait… »
« Je ne comprends pas… »

Un rire amer s’envole de ta gorge. Bien sûr qu’il ne comprend pas, comment le pourrait-il d’ailleurs ? Tu as toujours été derrière lui, observant sa nuque, son dos, te rendant invisible à ses yeux. Tu n’avais de cesse de l’observer en silence depuis toutes ces années, cherchant son attention, son approbation mais rien n’y faisait. Il vivait sa vie et toi, tu restais sur place. Incapable d’avancer. Incapable de le suivre, lui qui est tellement plus. Il était ton tout, ton monde.

« Tu m’as laissé. Abandonné. As-tu la moindre idée de la force de cette douleur ? Il fallait que tu la ressentes. Il fallait que tu saches ce que je vis… Au moins un peu. Alors, quand j’ai compris que tu étais amoureux d’Evangéline… J’ai sauté sur l’occasion. »

Un lourd silence s’abat sur la pièce, un silence qui te vrille les tympans et te retourne le cœur. Toujours sans un mot, Kazu finit par se relever, aidant Evangéline à ramasser ses vêtements. Puis la porte de la chambre se ferme. Tu restes là. Défiguré. Cadavre de haine incontrôlée, gisant sur le sol. C’est fait. Ta vengeance est accomplie Ran. Ton sac vidé. Alors pourquoi ? Pourquoi tu ne te sens pas mieux, Ran ? Pourquoi ce vide, ce gouffre en toi, ne s’est-il pas apaisé ? Une larme roule sur ta joue bleutée. Pourquoi te sens-tu encore plus mal qu’avant… ?



Mai 2103 (20 ans)

« Kazu… T’as du courrier. »

Ce sont là, les seuls mots que tu lui as adressé aujourd’hui. Voici deux ans, maintenant, qu’un silence douloureux s’est imposé entre vous. Incapables de communiquer. Incapables de vous pardonner. Vous vous êtes tous deux murés dans un silence courtois, évitant soigneusement le regard de l’autre et ne parlant que pour le strict minimum. L’ambiance à la maison était devenue détestable. Oh maman avait bien tenté de vous faire renouer le dialogue mais rien n’y faisait. Obstinés. Aussi têtus l’un que l’autre. Il suffisait de pas grand-chose pourtant, d’un geste, d’un regard pour que tout s’apaisent. Parce que tu mourrais d’envie de lui parler. Parce qu’il brûlait d’envie de te retrouver. Ça tenait à si peu de chose.

« L’Incontestable. »

Ton frère avait lâché ce mot, du bout des lèvres, dans un souffle à peine audible et pourtant, tes parents et toi, avez relevé la tête. Curieux, tu ignores votre distance polie de ces dernières années et t’approches hâtivement de lui, appuyant ton menton sur son épaule afin de lire le contenu de la lettre.

« Non d’une… Kazu… T’es marié. »

Un instant de flottement… Puis une euphorie soudaine s’empare de vous. L’Incontestable avait su unir vos parents, créant ainsi un couple harmonieux et amoureux et en tant qu’employé au TPAI, ton père avait pris le soin de vanter les talents de l’ordinateur dès votre plus jeunes âges. Baignés de louanges sur l’Incontestable, vous avez appris à l’aimer et à croire en ses talents. Persuadés qu’il détenait la clef de votre bonheur sentimental. Et ton frère vient de recevoir sa lettre. Faisant fi de vos rancoeurs passées, vous vous enlacez avec joie, sautillant presque sur place avant que tu n’attrapes la lettre afin de la relire encore une fois, de ton côté. Voyons. Quel est le nom déjà ? Fumi. Ça sonne doux. Ça sonne comme…un renouveau. Une chaleur se dépose sur ta main. Les doigts de ton frère. Vos regards se croisent pour mieux se fuir, vos visages se parant de nuance carmin. Kazu se racle la gorge.

« Hem… tu m’aides pour…mes affaires ? »
« Si tu veux… »

Echanges timides. Echanges légers. Pourtant ton cœur semble aller déjà un peu mieux non ? Puis les regards entendus de vos parents ne t’échappent nullement. Embarrassé, tu te mords la lèvre inférieure, tes iris de ciel retournant se crocher sur le carrelage de la cuisine.

« Bon. On a du boulot Kazu… »

**

Les yeux rivés sur la porte d’entrée rougeoyante, tes mains se crispent sur le carton que tu portes. Ça y est. Vous y êtes. Une fois qu’il aura franchi cette porte, Kazu entrera dans le rôle d’époux et sa nouvelle vie commencera. Sans toi. Sans maman. Sans papa. Juste Kazu et Fumi. Du coin de l’œil, tu observes ton frère. Tu n’ignores pas son inquiétude, un mariage arrangé a quelque chose d’angoissant, quand bien même il peut être source de bonheur. Tes lèvres s’ouvrent. Rien ne sort. Tu te ravises, reportant ton attention sur la poignée.

« Bon. Je vais te laisser. »

Tu t’accroupis et déposes en douceur le carton avant de te relever. Glissant tes mains dans les poches de ton jeans, tu jettes un rapide regard à ton aîné. Ça va aller Kazu. Tout ira bien maintenant. Si seulement tu pouvais les dire, ces phrases qu’il t’avait tant répétées étant enfant mais elles restent désespérément coincées dans ta gorge, comme un sujet tabou. Tu le contournes, lui tournant le dos tandis que tu entames ta marche de retour vers le domicile familial.

« Ran ? »

Tu t’arrêtes net. Les yeux rivés sur le sol, le moindre de tes sens en éveil. Ton souffle s’arrête.

« Je te pardonne. Je t’aime petit frère. »

Une violente rougeur prend possession de ton visage alors que tu te retournes maladroitement, découvrant un Kazu au sourire tendre et au regard rieur. Ton regard s’agrandit si fort… Pour mieux se troubler, un fin filet d’eau salée venant prendre naissance à la base de tes yeux. Il te pardonne Ran. Il pardonne ton aigreur vengeresse, ta colère sourde. D’un revers de la main, d’un geste noble, il efface ces années de non-dits, ces années de douleur muettes pour ne laisser que la chose la plus importante, l’essentiel. Il t’aime Ran. Ton visage à présent dégoulinant de larmes, tu n’as pas le temps de le retenir que déjà, il franchit le seuil de l’entrée. Alors, les jambes coupées par cette rédemption inattendue, tu t’effondres sur le sol. Et tu pleures. Encore. Encore. Encore.

Août 2104 (21 ans)

La mine concentrée, les sourcils froncés, tes doigts s’agitent avec frénésie sur les touches de ta console portable. La pointe de ta langue dépassant légèrement entre tes lèvres, tu es si absorbé par ton activité que tu ne réagis pas lorsque Kazu déboule dans l’appartement, sans même prendre la peine de sonner. Tu grognes lorsqu’il se laisse tomber lourdement sur le canapé. C’est que tu es au dernier niveau du jeu, toi ! Ce n’est pas le moment de te déconcentrer ! Ta victoire serait la récompense de 358 jours de dur labeur virtuel. Hors de question de lâcher le morceau pas vrai ?

« Hoï, Ran. »

Tu vois bien qu’il agite sa main non loin de ton visage mais tu l’ignores. Ce que tu fais là, est si important.
« Raaaaaaan. »

Tu grognes en guise de réponse et visiblement, cela ne convient pas à ton frère puisqu’il te subtilise ta console. Totalement offusqué, tu tentes de la reprendre.

« Hey ! Rends-moi ça ! Nii-san ! »

Qu’il est bon de pouvoir à nouveau l’appeler ainsi mh ? Cette dernière année fut riche en retrouvailles et en aveux, aussi, à vous voir aujourd’hui, toi te tortillant sur lui afin de récupérer ton bien, l’on imaginerait jamais votre passif douloureux.

« Au lieu de faire l’anguille. Tiens. »
Paf.

Voilà qu’il te colle une enveloppe en pleins visage. Tu grognes à nouveau avant de te redresser, reprenant ta position initiale sur le canapé. C’est quoi ça ? Le facteur de la famille, c’est toi pas lui. Lui c’est le photographe talentueux, toi, le fonctionnaire livrant les lettres du TPAI. Aucune ambition particulière ne s’était installée dans ta petite caboche aussi avais-tu choisi de suivre les pas de ton père en travaillant également pour le TPAI. Le poste de ton père est plus prestigieux mais au moins le tiens te permet de vivre sans trop de difficulté. Donc, une enveloppe nous disions. Curieux, tes doigts en défont l’ouverture avant de venir chercher ce qui se cache à l’intérieur. Quelle drôle de texture… Puis lorsque l’image se dévoile à ta conscience, tes yeux s’écarquillent. La surprise déforme tes traits tandis que tu découvres le large sourire de ton frère.

« Fumi ne voulait pas en parler avant d’être certaine qu’il tiendrait… C’est sa première écographie. Je vais être papa. »

Papa… Il va être papa. Cette nouvelle te fait l’effet d’une bombe et sans que tu n’aies le temps de décider quoi que ce soit, voici que tu te jettes sur ton frère, le serrant contre toi tout en déposant un baiser sur sa tempe. Tu vas devenir tonton… Tu n’avais jamais pensé à cette perspective auparavant mais vu le large sourire béat qui déforme tes traits, cette idée semble t’enchanter. Un enfant… Un petit morceau de ton jumeau, qui va gazouiller et se dandiner maladroitement. Rien que cette idée, suffit à t’émouvoir. Oh oui. Qu’il devienne papa. Ce projet est tout simplement merveilleux, remplissant ton cœur d’un amour inconditionnel pour cet être à venir. Alors tu te redresses et regardes une nouvelle fois l’échographie, prenant le temps de la détailler, de l’observer, comme si tu souhaitais d’ores et déjà imprimer sa silhouette dans ton esprit.

« Tu penses que ce sera une fille ou garçon, nii-san ? »
« Fumi prétend que ce sera une fille et moi un garçon, on a parié là-dessus. Si je gagne, elle devra revêtir une tenue de mon choix pendant l’intimité. »

Une lueur lubrique s’allume dans son regard. Tu pouffes de rire comme un gosse avant de reporter ton attention sur l’image, rêveur. Si c’est une fille, tu la couvriras de cadeaux. Si c’est un garçon, tu lui enseigneras toutes les petites astuces pour ne pas se faire prendre en cas de bêtises. Tu imagines déjà la mine contrariée de Fumi lorsqu’elle demandera au bambin, qui lui a appris ce genre de choses. Un rire t’échappe. Tu l’aimes Fumi, n’est-ce pas ? Kazu en est tombé amoureux dès les premiers jours. Elle le rend heureux, alors c’est tout ce qui compte pas vrai ? Tu finis par ranger le cliché dans son enveloppe, la rendant à son propriétaire légitime.

« Ran.. tu crois que je serai à la hauteur ? »

La question de ton aîné te surprend, aussi relèves-tu le visage avec une mine surprise, découvrant alors un Kazu rongé d’inquiétude. Tu n’as pas souvenir de l’avoir vu un jour, douter de lui… Il a toujours été tellement sûr de lui… Un fin sourire attendri étire tes lèvres avant que ton bras ne vienne s’enrouler autour de ses épaules. Tu attrapes ensuite sa joue entre ton pouce et ton index, la pinçant avec malice.

« Mais qu’est-ce que tu racontes ? Bien sûr que oui ! T’as été le meilleur des frères et tu seras le meilleur des pères. »

Ses yeux d’or s’écarquillent face à tes propos et de fines rougeurs viennent alors s’arrimer sur son visage. Un rire amusé t’échappe tandis que tu te mets à tirer sur sa joue.

« Oooh le nii-san se met à rougir comme un gosse… c’est mignoooon ! »
« Arrête Ran ! »

Dit-il tout en essayant de te repousser, une moue agacée sur ses traits quand bien même il ne se départit pas de ce doux sourire.

Septembre 2106 (23 ans)
« Et c’est quoi ton nom ? »

Ses perles d’argent t’intimident et capturent ton attention. Incapable de détourner les yeux, tu restes là, la mine rosée, de voir cet homme se souvenir de toi. Parce que tu te souviens de lui pas vrai ? De cet homme à la silhouette allongée, aux traits anguleux. Tu n’avais pas oublié sa crinière d’ébène, ni même ces deux perles d’argent qui ont su embraser tes nuits sans que tu ne décides réellement. Il était là. A chacun des rendez-vous gynécologique de ta belle-sœur. Il était là encore, le jour de l’accouchement, constamment installé sur la même chaise, à attendre près de la même salle. Tu n’avais jamais su comprendre la raison de sa présence dans cet hôpital… Ni même oser lui adresser la parole. Relégué au statut d’enfant timide, tu l’observais chaque fois à la dérobée, le détaillant des pieds à la tête. Et chaque fois qu’il te semblait que vos regards allaient se croiser, tu détournais immédiatement le visage, à la fois effrayé et rongé par une excitation nouvelle. Un jeu du chat et de la souris que tu instaurais toi-même et auquel tu pensais être le seul à jouer. Mais il est là… Après 2 ans sans l’avoir revu, ton adorable nièce Kiho étant née, les passages à l’hôpital n’étaient plus utiles. Ainsi n’était-il qu’un doux rêve…

« Ran.. »

L’un de ses sourcils s’arque et ton regard dévie vers la fumée ondulante de la cigarette coincée entre ses lèvres. Ses iris te brûlent la peau, elles te parcourent et te détaillent, sans gêne aucune, faisant ainsi grandir les nuances carmin qui ont pris possession de tes traits.

« Asao. »

Ton regard se risque à retourner s’ancrer au port de ses yeux. Un sourire fend ses lèvres.

« Je n’ai jamais pu oublier ces deux perles d’azur… »

Glisse-t-il dans un murmure de confidence tandis qu’il lève une main en direction de ton visage. Instinctivement, tu grimaces, te préparant à l’éventualité d’un coup. Au lieu d’une douleur cuisante, c’est une délicate chaleur qui se dépose avec légèreté sur ta joue. Tu rouvres les yeux et découvres son regard inqualifiable. Qu’est-ce donc que cette lueur que tu lis dans ces yeux ? Le brouha de la ville qui s’agite autour de vous, disparaît complètement de ton esprit pour n’y laisser que vide… Vide et passion. Tes iris dévient vers ses lippes. Tu déglutis. Dire que tu étais simplement en train de rentrer de ta journée de boulot et te voici à présent, pétrifié devant un inconnu, semblable à une adolescente en pleine vague d’hormones. Tu as un peu honte n’est-ce pas ? Pourtant aucun geste de recul ni aucune envie de fuite n’assaille ton cœur. Non. Tu en veux plus en vérité. Tu veux connaître cet homme qui, sans rien faire, a mis le feu à ta mémoire. Sa main glisse lentement, quittant ton visage pour ta plus grande frustration avant de retourner se cacher dans une des poches de son jeans noir.

« ça te dirait d’aller boire un verre, Ran ? »

Tu acquiesces. Sans hésitation aucune. Que voilà un choix bien dangereux, Ran… As-tu seulement conscience que tu viens d’entrer dans la seconde partie la plus sombre de ton existence ?

Octobre 2107 (24 ans)

La pluie glaciale de l’automne grincheux s’empare de ton corps avec véhémence, passant totalement outre tes vêtements pour s’insinuer, fourbe et mordante, entre le tissu et ta peau, noyant cette dernière de son règne gelé. Mais ça ne t’arrête pas n’est-ce pas ? Tu cours. Tu cours à en perdre haleine. Tu cours comme si ta vie en dépendait… Mais dans le fond, n’est-ce pas le cas ? Tu le fuis cette fois. Pas question de pardonner. Pas question d’oublier. Tu n’en peux plus. Et puis ce soir…c’était si fort…si brutal. La peur avait fini par te donner des ailes. Tu avais fui et tu fuis encore. Tes poumons te brûlent, tes jambes deviennent douloureuses. Combien de temps cela fait-il que tu cours ainsi ? Une heure.. peut-être deux ? Il faut dire qu’Asao vit en périphérie de la ville… ça demande du temps, si on a pas de voiture. Tu finis enfin par te retrouver baigné par les lumières du cœur de la citée Tokyoïte. Tu traverses le centre-ville à la hâte, bifurques dans deux ruelles adjacentes et lorsqu’enfin, tes iris rencontrent la face familière de l’immeuble de Kazu, ta course s’arrête et tes jambes choisissent d’abdiquer. Tu t’effondres sur le sol, t’allongeant sur le bitume détrempé. Ton souffle est si brûlant… et ton visage te fait si mal. Lentement, péniblement, tu te relèves et titubes jusque dans l’entrée de l’immeuble. Tu t’enfiles dans l’ascenseur et appuies machinalement sur l’étage de ton frère.

Tu sonnes. La porte s’ouvre au bout de quelques secondes d’attente et lorsque ton frère te découvre, une mine horrifiée repeint ses traits.

« Bordel Ran ! Mais qu’est-ce qui s’est passé ?! »

Il te fait rapidement entrer et lorsque Fumi découvre ta mine affreuse, elle blêmit à son tour et se hâte de filer dans leur salle de bain, récupérant la mallette de soin avant de te rejoindre sur le canapé. Une grimace de douleur déchire tes traits lorsque tu te laisses tomber. Ta belle-sœur s’installe à côté de toi, imbibant d’ors et déjà, un morceau de ouate, de désinfectant. Lorsqu’elle l’applique sur ta lèvre fendue, un sifflement de douleur t’échappe.

« Ran raconte moi ! Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi tu débarques ici avec l’arcade sourcilière brisée, la lèvre fendue et un œil tellement bleu qu’il en est presque noir ! »

Oui, Ran, raconte-leur donc. Raconte-leur que tu as fait plus ample connaissances avec Asao. Racontes-leur que s’il allait si souvent à l’hôpital, si tu avais pu le rencontrer là-bas c’était simplement parce qu’il se rendait à sa réunion des alcooliques anonymes. Dis-leur aussi comment tu avais découvert qu’il s’était remis à boire, lorsque tu t’étais installé chez lui. Conte-leur la délicate épopée d’un homme qui s’est mis à devenir plus sec, plus brutal, passant ses nerfs et sa frustration, sur ce corps qu’est le tiens. Oh bien sûr les choses se sont empirées en douceur. Au départ, il ne faisait qu’avoir un ton plus agressif que de raison. Puis à la voix menaçante, se sont ajoutés des gestes violents à l’encontre du mobilier. Ces petites choses-là, ces « écarts » comme il le disait, tu arrivais à les gérer. Les supporter. Sans t’en rendre compte tu réussissais toujours à lui trouver les meilleures excuses du monde… Et puis il savait se montrer tellement gentil par moment… Tellement doux. Un soupir triste t’échappe alors que ton regard se pose sur le sol.

« Asao était sobre au début… je ne sais pas pourquoi il s’est remis à boire. Peut-être est-ce de ma faute ? Peut-être est-ce moi, qui l’ai rendu comme ça… »

Ta tirade culpabilisante agace profondément ton jumeau, aussi se hâte-t-il de venir s’accroupir devant toi, plantant un regard des plus durs dans le tiens.

« Ne dis pas n’importe quoi ! Je t’ai déjà dit que je n’aimais pas ce type, Ran… Regarde-toi ! »

Oh tu sais bien que tu dois avoir l’air misérable, ainsi abîmé. Puis ton regard ne brille plus de la même lueur vivace. Sans forcément t’en rendre compte, tu t’es terni, Ran… tu as perdu de tes couleurs. De ta superbe. Lentement, Asao a su gommer ton caractère, emprisonnant ta fougue dans une boîte bien trop petite pour elle. Tu t’es éteint, désespérément aveuglé par cet homme que tu croyais aimer. Car au final, ce n’était pas de l’amour n’est-ce pas ? Quand on aime, on ne laisse pas l’autre nous détruire, nous empoisonner le cœur et le corps. Non. Une dépendance affective. Agrippé à lui, tu avais reporté sur Asao, ces années de manque qui avait maltraité ton cœur alors que Kazu se détachait de toi. Ce gouffre douloureusement béant, suintant d’amertume et de peur, te rendait fou. Il fallait que tu le combles. Il fallait que toi aussi, quelqu’un remplisse ta vie… Comme Fumi pour Kazu. Mais ce fut un bien piètre essai… Regarde-toi Ran…

« Ran ? »

Une voix délicate, ténue, aussi légère qu’un papillon, venait d’attirer votre attention depuis l’arrière du salon. Elle était là, ce petit bout de bonheur aux yeux d’or, Kiho. Son lapin en peluche préféré, prisonnier de sa petite main, elle avait su entendre ta voix et se hâtait à présent maladroitement, de venir te rejoindre. Lorsqu’elle arrive à ta hauteur, dans sa petite robe bleue, tu t’empresses de l’attirer contre toi et la déposes délicatement sur tes genoux. C’est alors qu’elle te toise, qu’elle t’observe de ses grands yeux dorés avec une franchise désarmante. Tu affrontes. Posant tes yeux dans les siens. Ses fins sourcils se froncent au fur et à mesure des secondes qui s’écoulent, l’une de ses mains potelée, timidement, se lève dans les airs et vient se poser en douceur sur ta joue abîmée.

« Pourquoi ? Ran ? »

Et sa question t’achève, faisant voler en éclat le peu de fierté qui subsistait en toi. Tu la serres dans tes bras, enfouissant ton visage meurtri contre sa chevelure parfumée au cassis. Et les larmes roulent, s’écoulent comme autant de fleuves incontrôlables. Oui Ran pourquoi ? Pourquoi te faire tant de mal ? Pourquoi détruire ton existence en la laissant entre les mains d’un homme alcoolique et violent qui n’a que faire de tes sentiments ? Pourquoi te tuer un peu plus chaque jour en restant dans ses bras ? Pourquoi Ran… Des geignements de douleur s’échappent de tes lèvres, bien vite accompagnés par ceux de ta nièce qui se met à pleurer avec toi. Vos voix déchirantes emplissent rapidement la salle de séjour tandis que Kazu vient t’enlacer à son tour de ses bras protecteurs. Tu craque. Tu t’effondres. Tu ne tiens plus. Ces derniers mois de souffrance semblent décidés à s’exprimer, labourant ton cœur et détruisant ton corps sous le flot de leur peine sourde. Pourtant, au milieu de ce torrent de souffrance, tu perçois la lueur chaude de l’espoir. Celui qui te murmure un avenir plus radieux. Celui qui te félicite de laisser ton corps vomir ses peines. Celui qui te rappelle, que Kazu est toujours là… Sa main se mêlant à ta tignasse cuivrée…

2109, de nos jours (26 ans)

« Ran ! Que tu squattes de temps en temps j’veux bien, mais tu pourrais au moins te lever tout seul ! T’es plus un môme ! »

Ton coussin vole en guise de réponse, heurtant le visage excédé de ton frère jumeau. C’est qu’il est l’heure pour toi d’aller travailler. Les mariages ne vont pas se livrer tout seul, un peu de nerfs ! Tu te redresses mollement sur le canapé transformé en lit pour tes visites impromptues. Les cheveux en bataille et la mine chiffonnée, tu t’étires laborieusement.

« Raaaaan ! »

A peine ton cerveau a-t-il le temps de réaliser ce qui se passe, qu’une petite masse se jette contre ton buste nu, t’arrachant un hoquet de douleur. Une petite mine au sourire radieux se pose sur ton visage tandis que tu te frottes un œil.

« Ohayô Kiho. »

Elle glousse face à ta voix éraillée de fatigue. La portant dans tes bras, tu te décides à lever ton séant de ton lit de fortune et t’approches de la table à manger afin de profiter du bon café servi par ton frère ainsi que de ses tartines grillées. Tu attrapes une tranche du bout des doigts après avoir avalé une gorgée de café. Lorsqu’il remarque la tartine coincée entre tes dents, Kazu ronchonne.

« Heu c’était pour moi ça… »
« L’Incontestable te récompensera pour ta bonté sans limite. »

Fier de ta tirade, tu lui adresses un clin d’œil amusé. Il soupire, abdique avant que ses lèvres ne se parent d’un doux sourire. Et bien Ran, à te voir de si bonne humeur, on ne se douterait pas du chemin que tu as parcouru ces dernières années. Asao a été rayé de ta vie dès le lendemain de ton arrivée catastrophe chez ton frère. Ce dernier s’était montré particulièrement convaincant quant au fait qu’Asao devait te laisser tranquille, tu n’avais jamais vu ton frère si effrayant et déterminé. Il t’avait fallu quelques temps pour retomber sur tes pattes. Père et mère t’avaient recueilli sans hésiter et bien entendu, quand ils apprirent le fin mot de l’histoire, tu ne pus échapper aux remontrances et leçons de moral. Mais qu’importe. Tu étais de retour chez toi, au sein de ta famille comme si… Comme si tu étais parti en voyage pendant plusieurs années. Un périple atroce qui avait su t’écraser lamentablement sur le sol, te forçant à te tortiller dans un vain désir d’existence. Puis tu étais revenu. Abîmé. Brisé. Mais revenu. Il a fallu que tu réapprennes à vivre, que tu te rappelles comment raviver tes couleurs… Oh bien sûr certaines marques ne disparaitront jamais complètement… Celles du cœur… Tu ne peux nier que ta confiance en toi a été douloureusement malmenée et que ton estime personnelle a été broyée… mais tout comme ta nièce apprend le fonctionnement de ce monde, tu apprends à t’y réinstaller. Réalisant petit à petit, que la vie peut-être vraiment belle…

Caractère :

Comment te décrire Ran ? Par où commencer ? Quelles sont les premières choses que l’on perçoit de toi ? Quelle qualité ou quel défaut, devrais-je citer en guise de préambule ? A cela tu répondrais par un haussement d’épaule accompagné d’une moue lasse. Peut-être devrions-nous commencer par ce que l’on ressent, lors d’une première rencontre avec toi ? Oui… Cela me semble être un choix judicieux. Ainsi, lors du tout premier échange, l’on constate aisément que tu fais parti de ces personnes dites introverties. Tes émotions restent cachées, fluctuant sous la surface de ta peau, désespérément désireuses de pouvoir s’exprimer librement. Mais tu en es incapable. Celles qui sont intimes. Celles qui comptent. Tu les gardes jalousement pour toi.. A moins que ça ne soit la peur qui nourrit cet automatisme ? La peur des réactions négatives d’autrui, la peur d’un rejet douloureux… La peur des moqueries aussi sans doute. Finalement cette petite chute lors de ton premier jour dans une nouvelle école, étant enfant, t’a plus marqué que ce que tu aurais cru. Alors oui, la peur, la joie euphorique, la haine, l’amour aussi… ces émotions, ces sensations, se terrent derrière les murailles de ton cœur, se tortillant nerveusement en espérant que le mur s’effrite au fil du temps.

La seconde chose que l’on note, c’est cette surprenante capacité à rougir facilement. Oh bien sûr, tu détestes ça, jugeant cette réaction physique totalement inutile et affreusement traitresse. Parce que tu n’as absolument aucune emprise sur elle et affirmer de vive voix que tout va bien, alors que ton faciès se pare de nuance carmin, c’est plutôt risible et compliqué non ? Alors oui, si tes sentiments les plus intimes nous restent inaccessibles, l’on devine aisément lorsque tu es embarrassé, gêné par quelque chose. Ce quelque chose, en général, c’est la proximité physique. Curieux non ? Cette petite manie est née lorsque tu étais en couple avec Asao. Au fur et à mesure du temps, lorsqu’il s’approchait de ton corps, c’était, le plus souvent, dans le but de te faire du mal ou de t’emporter dans des échanges lubriques des plus vulgaires et flirtant dangereusement avec le viol. Ainsi, la proximité des corps d’autrui, est devenue une source de tension, de malaise excepté avec ton frère et sa famille bien entendu. Qu’on te prenne la main ou te pince la joue, le résultat reste le même. Parce que ton corps parle pour toi, parce qu’il se souvient, lui, de ces moments douloureux qui semblaient sans fin. Alors il se tend, se durcit, prêt à encaisser des coups qui ne viendront pourtant jamais. Les choses sont ainsi faites, ton corps reste aussi traumatisé que ta psyché.

Et maintenant, Ran ? Que puis-je bien raconter d’autre ? Peut-être devrais-je mettre en garde contre ton côté rancunier ? Ton histoire a su le démontrer à merveille, tu es quelqu’un d’affreusement rancunier. Œil pour œil, dent pour dent, voilà un adage qui te sied à la perfection. Parce que tu es comme ça. Tout petit déjà, si Kazu te volait trois plots, une heure après, tu lui en volais trois à ton tour. Ce trait de caractère aurait pu rendre votre enfance pénible mais heureusement pour toi, Kazu a toujours su être le plus calme, le plus mature de vous deux. Tu as grandi et naturellement ce défaut a grandi tout autant que toi, te transformant en stratège sournois dès qu’il s’agit de faire payer le mal que l’on a pu te faire. Patienter n’est pas un problème pour toi, aussi, attendre plusieurs années ne sera nullement une gêne puisque de toute manière, tu seras vengé. Tu n’es pas très fier d’être ainsi, d’avoir cette mauvaise graine au fond de ton cœur mais tu as bien vu qu’essayer de lutter, c’est rendre la cohabitation avec ta conscience morale, bien trop compliquée. Alors tu l’acceptes, tu l’assumes, tout simplement.

Considéré comme jumeau « faible » dans votre duo, tu as rapidement développé un besoin pathologique d’être aimé avec intensité. Un gouffre béant, monstruosité née de tes complexes d’infériorité, a élu domicile au centre de ton cœur et, perdu dans ta quête du bonheur, tu cherches ardemment à le combler. Asao fut une tentative. Infructueuse. Douloureuse. Laissant la crevasse quasiment intacte, vide. Les sourires de ta nièce savent apaiser un peu cette énormité mais tu sais très bien que ce dont tu rêves, c’est d’aimer et d’être aimé, jusqu’à la fièvre. Mais dans le fond, n’est-ce pas un peu, le rêve de tout le monde ? Chez toi, cette passion est simplement exacerbée par ton manque d’assurance. Assurance piétinée par une paire d’iris d’argent et un sourire carnassier. Oh il en a fait des dégâts n’est-ce pas ? Volant ton énergie, écrasant ta spontanéité d’un coup de botte. Il a su te réduire à l’état de charpies. Alors maintenant, tu es plus hésitant, dans chacun de tes gestes. Tu te demandes si c’est une bonne chose. Comment les autres vont-ils percevoir tes gestes. Tu étais pourtant doté d’une énergie unique, vive et contagieuse, aussi chaleureuse que le soleil et tout aussi grande. Et ça, tu avais besoin de l’extérioriser alors tu courais, tu boxais, tu soulevais des poids. Aujourd’hui tu as repris une activité physique régulière, t’entrainant quotidiennement afin de ne pas perdre ta fine musculature. Et puis ça libère non ? Encore fragilisé par ton passé, tu as toutefois le sentiment de te retrouver toujours un peu plus à chaque footing ou coup porté sur le sac de frappe. Tu t’apprivoises et te redécouvres un peu tous les jours.

Si l’on fait parti de tes proches, de ton intimité, l’on pourra apprécier de te découvrir joueur et taquin, à la verve piquante par moment et à la bouderie facile. Tu as beau avoir 26 ans, bouder, c’est toujours ton petit talent. Tes joues se gonflent, ton regard se détourne et tes sourcils se froncent. Ah ça ! Tu as une de ces têtes… Pourtant ça fonctionne. Fumi ne tient pas dix secondes lorsque tu te renfrognes et ton frère peine difficilement à faire mieux. La seule personne envers laquelle tes bouderies ne font ni chaud ni froid, c’est Kiho. Véritable petite despote au sourire d’ange, elle règne d’une main de fer sur ton cœur et sait lorsqu’il faut te sermonner. C’est qu’elle a du caractère la petite ! Autant que son oncle ! Car oui, tu es bien le plus caractériel des deux jumeaux. Le ton peut monter facilement entre Kazu et toi, et tu as la sale manie de faire voler des objets lorsque tes nerfs s’emportent. Tu tires la langue et sors de sacrée grimaces aussi, usant de mauvaise foi pour arriver à tes fins. En résumé tu n’es pas toujours évident à côtoyer… D’ailleurs, si tu décides que non c’est non, rien ne pourra te faire changer d’avis au grand dam de votre mère qui a, depuis longtemps, abandonné l’idée de te faire repasser tes chemises…

En résumé nous avons donc un jeune homme rancunier, introverti et caractériel. Ce n’est pas très reluisant n’est-ce pas ? Alors grattons un peu voulez-vous ? Glissons-nous sous la surface, pour voir ce qu’on y trouve. De la sensibilité. Ce n’est pas parce que tu ne montres rien que tu ne ressens rien pas vrai ? Et en vérité il est plutôt facile de te blesser ou de te vexer. Certains disent que tu es soupe au lait, d’autres que tu es susceptible. C’est peut-être vrai. Le fait est, qu’il t’arrive de prendre certaines choses trop à cœur. Sans forcément que ce soit conscient, tu as cette manie de constamment vouloir que tout ce que tu entreprends, réussisse à la perfection. Une manière pour toi de te montrer à la hauteur de ce frère qui est tellement plus tout. Tu ne veux pas qu’il ait honte. Tu veux qu’il soit fier. Alors tu t’investis dans ce que tu fais, y mettant ton cœur et ton énergie ce qui rend parfois la communication difficile. Si l’on te contredit un peu sèchement, tu le vivras comme une attaque personnelle et ton moral déclinera rapidement pour se parer du manteau de la lassitude. Oui tu es sensible, beaucoup de choses peuvent t’émouvoir en positif comme en négatif et c’est cette fragilité qui fait toute ta beauté selon moi. Un cœur remuant d’enfant, dans un corps d’adulte trop grand, trop dur pour lui.

D’autres subtilités viennent composer ta personnalité, cependant je ne les citerai pas ici, laissant le soin aux curieux, de venir les explorer par eux-mêmes.

Physique >


Avec toi, on a l’impression de voir double n’est-ce pas ? De parfaits jumeaux en tous points similaires, sauf vos yeux. Une tignasse d’un roux vif surmonte ton visage, petit héritage de votre mère qui, il y a des années, avait eu recours à la chirurgie esthétique. C’est qu’elle ne se plaisait pas des masses, maman, étant jeune, alors, une fois l’argent nécessaire réuni, elle était passée sous le bistouri. Un regard vairon, d’or et d’azur, lui avait été posé de même que cette couleur cuivrée qui pare sa tignasse bouclée. En digne fils de votre mère, vous en aviez hérité et puis, comme si la génétique avait elle-même été incapable de faire un choix, elle décida de couper la poire en deux, concernant votre regard. L’un aurait l’or chaud du soleil, l’autre l’océan hypnotique. Petite particularité qui se trouve être très pratique pour vous différencier. De longs cils d’un roux plus sombres, habillent ce regard qui, il faut bien l’avouer, est capable de faire chavirer bon nombres de cœur. Ton regard est perçant et insondable, aussi envoûtant que peut l’être l’océan lui-même. Tes prunelles savent capturer les cœurs pour ne plus les lâcher mais de cet atout, tu n’en as pas conscience… Ou plutôt tu l’as oublié.

A ces prunelles, s’ajoute une bouche délicate, aux lèvres fines et douces et dont, malheureusement, l’une d’elle fait régulièrement les frais de ta nervosité ou de ton agacement. Au-dessus d’elles, trône un adorable petit nez légèrement pointu, qui se plaît à s’enfouir contre les gorges de tes conquêtes. Tes traits sont doux et raffinés, porteurs d’une petite nuance dans la généalogie de votre famille. Il suffit de vous regarder, ton frère et toi, pour comprendre qu’à un moment donné, il y a eu mélange d’origines, quand bien même vos parents et vous êtes japonais pure souche. A ces petites différences occidentales, s’ajoute une taille plutôt conséquente par rapport à la moyenne nationale. Un respectable mètre soixante-douze. Assez grand pour atteindre le sommet des étagères et ainsi piquer les cookies secrets de ton frère mais pas trop afin d’éviter les sobriquets ridicules et autres taquineries du genre « il fait quel temps là-haut ».

A cette silhouette longiligne s’ajoute une musculature des plus agréable à regarder. Tes muscles se dessinent, se ploie sous ta peau diaphane et se tordent pour le plus grand plaisir de celles et ceux qui t’observent pendant tes séances de sport. Tu es un bel homme Ran seulement, tu n’en as absolument pas conscience. Ton corps, tu le vois surtout comme un outil de travail, d’expression et si tu pratiques le sport, c’est surtout dans le but d’extérioriser ces émotions forcées de rester muettes. Tu n’éprouves ni pointe de narcissisme, ni montée d’égo lorsque tu toises tes abdominaux finement sculptés. Ce n’est que de la chair, des os et des muscles après tout. Et ce corps, mon cher, comment le vêts-tu ? Dans un style plutôt simple et casual. Tu n’es absolument pas au courant des dernières modes et passer plusieurs heures dans la salle de bain afin de te coiffer, n’est clairement pas une activité que tu pratiques. Lorsque tu te réveilles le matin, c’est douche, déo, café, brossage des dents, vêtements et c’est parti. Un brossage ? Pourquoi faire ? De toute manière, il semblerait que parfois, ta tignasse possède sa volonté propre, donnant ainsi naissance à de sympathiques petites cornes que tu n’arrives jamais à dompter. Simplicité et efficacité, tels sont les mots que tu emploies lorsque tu dois faire ton shopping. Manque de passion pour la mode, ne signifie pas forcément manque de connaissance, aussi sais-tu ce qui te sied ou pas. La plupart du temps l’on te croisera vêtu d’une chemise ouverte sur un t-shirt et muni d’un jeans. Parfois seulement la chemise. De temps en temps agrémenté d’écharpe en guise d’accessoire. Il arrive que des pulls à capuche apparaissent sur tes épaules aussi, mais ceux-là tu les gardes surtout pour l’hiver
Riamu
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