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Yoru, créateur de bjd

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Yoru, créateur de bjd Empty Yoru, créateur de bjd

Message par Riamu Jeu 24 Mai - 19:02

Yoru, créateur de bjd E885e510

26 ans, Japonais (un peu de Suisse de par la grand-mère paternelle)

Physique >

Ton masque vissé sur le visage, dévorant les trois quart de ton faciès et le crayon noir soulignant ton regard, commençant à dégouliner sous tes yeux, tes sourcils se froncent sous la contrariété. Ces deux lignes, parfaitement dessinées, d’un noir de jais, s’affairent souvent à se froncer, se plisser ou encore s’arquer en signe de perplexité. Ils confirment les émotions qui te traversent, réajuste les fausses impressions d’autrui. Parfois même une ride se forme entre ses deux danseurs et si l’on peut apercevoir cette timide crevasse se former, c’est sans doute que tu es extrêmement contrarié, la plupart du temps cette mine courroucée s’observe dans ton atelier de création. Tu peux parfois te montrer si exigeant envers tes œuvres, que le moindre changement de programme fait naître une moue qui déforme tes traits avec aisance. C’est donc les sourcils tout froncés d’agacement, que tes yeux en forme d’amande, témoin d’une légère nuance étrangère dans la famille, détaillent ton travail du jour. Quelque chose te dérange… Tes longs cils noir comme l’ébène, s’abaissent et se relèvent plusieurs fois, papillonnant sous l’effet de la poussière de résine qui danse dans les airs. Tes iris, d’un noir d’encre, dont la profondeur semble insondable, se promènent et ondulent sur la silhouette couleur pêche.

Tes amandes se plissent, se referment quelque peu et ton regard se durcit. Tu es concentré n’est-ce pas ? Tu réfléchis et te questionnes, cherchant la source de ton agacement. Tes mains viennent alors se poser sur ton établi. Tes longs doigts d’artiste, à la peau abîmée et marquée par endroit, tapotent sur la surface cirée. Ta peau est sèche, te tiraille et te brûle. Qu’à cela ne tienne, après ta journée de travail, tu prendras une douche bien méritée pour ensuite embaumer tes mains, tes outils de travail, les porteuses de ton art, d’une bonne couche de crème hydratante, au lait d’amande douce et au miel. Mais l’heure n’est pas au soin de soi, mais à la réflexion. Ta paume à la peau rude, caresse distraitement le bois de ton pupitre tandis qu’un soupir t’échappe. Un truc cloche. Oui. C’est une certitude. Puis ainsi positionné, le souffle en vient à te manquer. Ce masque de protection, ce gardien de tes poumons, si tu n’es pas en train de travailler la résine, devient un obstacle qui rend ta respiration laborieuse, ainsi ne le portes-tu qu’en cas de réelle nécessité… Et puis normes de sécurité oblige.

Alors, lentement, ta main droite s’élève dans les airs pour venir se perdre dans cette tignasse noire corbeau, constamment indisciplinée, afin de venir y défaire l’attache de ton masque. Il est drôle de constater qu’en dépit de ta rigueur lors de tes créations, tu n’en fais nullement preuve en ce qui concerne ta capillarité. Bien entendu tu veilles à ce que ta chevelure ne devienne pas longue au point d’en être handicapante, pour ce qui est de la bonne tenue ou du sens, elle est entièrement libre de faire ce qu’elle souhaite. Aussi libre que tes besoins artistiques dirons-nous. Une fois l’ancrage détaché, tu laisses choir le masque, le déposant mollement sur la table, ce dernier manifestant son désaccord par un petit claquage sec. Puis voici que ta main glisse sur ton visage, en un geste qui souligne ta fatigue de ces derniers jours. Tes doigts rencontrent en premier lieu ce nez arrondi dont la pointe se relève quelque peu, là encore, petit clin d’œil sur une touche d’occident dans tes origines asiatiques. Puis la pulpe de tes serres de chair termine leur course sur des lèvres charnues, véritable appel aux baisers tendres ou passionnés, ces dernières se retrouvant bien souvent maltraitées par tes dents. Quand tu es nerveux, tes lippes en paient le prix n’est-ce pas ? Pourtant cela ne nuit nullement à leur charme naturel, il paraîtrait même que cela ne fait que renforcer cette envie de baiser qui nous saisit le cœur dès lors que ton visage se trouve à proximité. Mais là, tu ne les mordilles pas non, tu les pinces tandis que ton pouce s’y promène, stimulant ta réflexion d’artiste.

C’est alors que ton regard d’obsidienne, s’allume d’une lueur nouvelle et que le coin droit de ta bouche se relève en un sourire amusé. Il faut davantage poncer le buste, voilà tout simplement quel est le nœud du problème ! C’est bien sûr ! Tes traits, doux mélange d’occident et d’Asie, s’adoucissent alors avant que tu ne replaces le filtre sur ton visage et que tes mains ne viennent récupérer ton dremmel. Il est fou de constater à quel point tes traits peuvent être changeant. Tantôt fermés et lointains, te rendant aussi inaccessible que tes œuvres, tantôt d’une douceur à faire fondre un cœur de glace. Tes émotions sont fugaces et malicieuses mais restent un véritable spectacle pour les yeux de ceux qui ont l’opportunité de t’observer.

Caractère >

Sensible. Premier mot que tes proches peuvent lâcher du bout des lèvres sans rougir de peur de commettre une erreur. C’est ce que tu es n’est-ce pas ? Une âme sensible. Oh tu ne fais pas parti de ceux qui se noient de larmes ou qui crient leur souffrance à en mourir. Mais tu es de ceux qui ressentent le monde qui les entourent, avec une fragilité qui en fend le cœur. La cruauté des hommes t’empoisonne l’esprit, les actes de gentillesse pure t’émeuvent et le rire d’un enfant t’emporte au pays de l’innocence. Tu vis, ressens ce qui t’entoure comme peu de gens savent le faire. Il est dit de toi que tu es un véritable artiste, remarquant ces petites choses que tant de monde ignore à tort. Pourtant, si le monde sait te secouer avec force, il n’est pas aisé de lire sur ton visage, de réelle émotion. Ta pudeur, tu la tiens à bout de bras, masquant tes ressentis pour en faire de précieux secrets qui ne seront sans doute jamais réellement su. Si ton art peut parler pour toi, il en devient même le théâtre de tes émotions. Aussi, ton cœur reste accessible pour qui se trouve capable de saisir les nuances que tu graveras dans la résine de tes poupées articulées. Mais, comme toute chose précieuse, ça restera infime, léger, comme les battements d’ailes d’un papillon fraîchement né. Mais pourquoi une telle retenue, Yoru ? Sans doute peux-tu incomber cela à ton père. Votre relation, votre passif tumultueux est la raison même qui t’as poussé à apprendre à ensevelir tes sentiments sous tes traits d’ange désabusé.

Qui ne te connaît, croirait ainsi à tort, que tu es quelqu’un de froid, que rien ne peut atteindre, peut-être même s’imagine-t-on que tu te fous du monde entier. S’ils savaient à quel point ils se trompent. Tu es un amoureux de la vie, une chenille qui ne demande qu’à se transformer en papillon. Une douloureuse envie de vivre, de te sentir vivant, couve au fond de tes tripes, donnant ainsi naissance à un désire presque obsessionnel. Vivre. Ressentir. Caché derrière ton masque de lassitude, tu souffles secrètement une prière ; tu veux te sentir en vie. Tes poupées, tes œuvres, tu en es proche d’une certaine manière et peut-être est-ce justement l’absence de réelle vitalité, de ces êtres, qui t’a tant fasciné. Parce qu’elles ne demandent qu’à vivre, qu’à incarner les désirs, les rêves et les illusions qui embellissent les cœurs de ceux qui les achètent. Alors, tout comme elles, tu attends de pouvoir, à ton tour, incarner les désirs, les rêves d’une personne. Un besoin d’exister pour de bon. Besoin d’avoir un but. Tu survis mais ne vis pas, pas vrai ? Tout comme une toile de grand maître, tu estimes que la vie se doit d’être colorée de mille et une couleur, qu’elles soient chaudes ou froides, dans le fond, qu’importe, tu veux simplement qu’il y en ai. La tienne, de toile, on y a violemment jeté un bidon d’eau froide il y a des années, ne laissant pas le temps à la peinture à l’huile, de sécher, et ainsi la laisser vide, assassinée à l’aube de sa vie pour qu’il ne reste qu’un cadavre de bois et de tissu. Ton enfance te paraît si lointaine… Cette période où tu riais à gorge déployée sans craindre que ne s’abatte un courroux amer. Oh si lointaine…

Aujourd’hui te voici rigide de part tes traits tandis que ton cœur sensible d’artiste, se meurt de lassitude. Les choses sont faites par un automatisme presque effrayant et si tu n’avais pas ton art, sans doute serais-tu devenu fou. Tes poupées, tes créations, elles te maintiennent en vie et te permettent de t’égarer dans un monde que tu maitrises à la perfection et qui ne possède, comme limite, que ta propre volonté. Tu ne nieras pas avoir un léger côté maniaque du contrôle lorsqu’il s’agit de ton travail mais tu te plais à appeler ça de la « rigueur passionnée ». Ce n’est là, qu’un jeu de sémantique mais qu’importe, ça t’amuse. Tes sourires sont rares et discrets, comme un cadeau intime que l’on rougit de déballer. Dans l’intimité de tes proches, tu te montres pugnace, à la répartie acidulée et à l’espièglerie amusante. Ton rire mesuré séduit les cœurs au même titre que tes moues d’enfant boudeur, amusent la galerie. Tu es une œuvre artistique à toi seul, dont l’interprétation et la compréhension est laissée libre pour qui se sent de t’admirer un peu. Certains s’arrêteront à l’aspect général tandis que d’autres, plus curieux, plus aventureux, s’essaieront à noter les détails, les petites notes dans la voix et les postures, qui changeront totalement la signification finale. En soi, Yoru, tu es un jeune homme au cœur tendre qui a oublié, comment on rit, à gorge déployée…

Histoire >

Un ordre. Ainsi commença ton existence, Yoru. Un ordre apparaissant en toute lettre capitale sur un écran, accroché dans l’entrée d’un appartement. Si tôt ? Déjà ? furent les premières paroles qui franchirent les lèvres de tes parents. Ça ne faisait pourtant qu’un mois qu’ils étaient mariés… Trente malheureux jours durant lesquels ils n’avaient eu de cesse de se fuir pour ne se retrouver que dans le but de remplir leurs devoirs. Un milicien, une artiste peintre. Quoi de mieux comme parfaits opposés ? Ils ne s’aimaient pas, n’y parvenaient pas mais ils étaient assez matures pour réussir à se tolérer. Puis l'Incontestable avait parlé. Un enfant doit être donné. Un petit être de chair et de sang va bientôt se mouvoir dans cet appartement resté douloureusement impersonnel. Monsieur est un bon militaire, un bon soldat au service du tout Puissant, alors à quoi bon s’embarrasser de tableaux et autre fioriture sans aucune utilité ? Peut-être est-ce à cause de cette absence de couleur que tu as, dès le plus jeune âge, cherché à t’orienter dans les arts ? Puis maman souffrait elle aussi, de l’absence de joie colorée et chaude dans votre vie. Ta venue au monde eut pourtant le mérite de dérider un peu ce cher Bunmei. Les bébés ont d’étranges pouvoirs parfois.

L’on s’attendrait à ce que ta douceur candide fasse fondre la barrière de marbre érigée autour du cœur de ton père. L’on serait en droit d’attendre que ton existence donnerait une bonne raison à tes parents, d’apprendre à s’aimer. Peut-être était-ce un peu le cas au fond. Parfois papa souriait. Parfois maman effleurait son bras d’une caresse spontanée. Oui parfois. Et tu saisissais ces petits moments de douceur, ces petits gestes discrets et pourtant criant de signification. Peut-être est-ce cet environnement qui fit de toi, l’enfant artiste si sensible ? Parce que tu cherchais, dans leur silence, dans leurs gestes automatiques, des bribes de promesses oubliées, des murmures d’amour inavoué. Oui tu cherchais toutes ces petites choses qui rendent la vie tellement plus belle. Les as-tu trouvées ? Tu n’en es pas certain. Si fugaces. Si légers. Les as-tu réellement vues finalement ? L’esprit rêveur ne s’embarrasse pas de la notion de réalité pas vrai ? Tu as grandi dans ce cocon d’obligations et quand tendresse tu obtenais, elle venait de maman, une maman qui essayait tant bien que mal de ne pas te faire payer l’injustice de ce système qu’elle rejetait en silence. Elle n’était pas heureuse mais jouait la comédie du bien-être. Tu le sentais bien toi, haut comme trois pommes, mais tu jouais aussi, te glissant dans ce rôle de l’enfant qui ne voit pas, qui n’entend pas. Une pièce de théâtre polie mais qui n’était pas faite pour durer.

Tu approchais de tes dix ans, jouant le rôle de l’enfant ignorant, à une perfection telle qu’il t’en devenait difficile de faire la distinction entre réalité et comédie. « Regarde-le ce morveux ! Un monceau de pleurnicherie et de sourires idiots ! J’ai vu des gamines plus solides que lui ! » Tu avais senti tes yeux se remplir de larmes ce soir-là, alors tu t’étais caché dans le couloir, une oreille tendue du côté de la chambre parentale. D’ordinaire, tu aimais venir les épier, parce que c’était dans ces moment-là que parfois, les choses semblaient plus tendres. Mais tu avais eu si mal ce soir là… tu t’étais retranché dans ta petite chambre, silencieux, les joues noyées de larmes, silencieuses, elles aussi. Si froids. Si douloureux. Toi qui désespérais d’entendre papa parler de toi, tu ne t’étais pas attendu à autant de méchanceté. Il n’était ni aimant, ni drôle avec toi… Mais jamais il n’avait été si méchant. Mais peut-être que cette méchanceté a un rapport avec cette bouteille de liquide ambré qui s’est mise à apparaître au salon, à la cuisine, dans leur chambre et parfois même dans la salle de bain. Bien sûr que tu as remarqué. Papa s’énerve tellement plus vite depuis qu’il reste à la maison. Tu avais entendu des mots, une fois, quelque chose comme : Débordement de violence, presque qu’homicide d’une personne ne voulant pas se soumettre au système, incapacité à gérer la colère et encore d’autres mots qui faisaient tout autant froid dans le dos. Alors oui, peut-être que tout ça, a un rapport avec le fait que tu es en train de pleurer, ton petit cœur gisant sur le tapis de ta chambre.

Puis le temps a continué sa route, sans se soucier un seul instant, des souffrances que tu devais gérer au quotidien. Le temps n’a cure de ce genre de choses. Il s’écoule. S’étend. S’avance à travers l’espace et la matière sans souffrir d’aucune résistance. Et toi, tu t’engouffrais dans ton adolescence avec, pour habitude, de ravaler ta peine, soir après soir. Parce que papa s’est mis à acheter de plus en plus de bouteilles, parce que maman criait de plus en plus chaque jour, parce qu’elle pleurait aussi, parce que des fois, tu notais des nuances bleutées sur son corps. Il frappait aussi fort qu’il criait pas vrai ? Mais pas sur toi. Sur elle. Parce qu’elle était l’incarnation de son échec, de son désespoir. Il reportait sur elle, le rôle de la malédiction, se glissant lui, dans la peau du martyre. Et toi ? Tu étais relégué au rang de public, de spectateur. L’acceptais-tu ? Au départ oui. Bien sûr. La peur te clouait sur place et la lâcheté te sciait les jambes. Puis un jour, une sorte de montée de courage t’avait saisi le cœur et tu t’étais rué dans la cuisine, la mine déformée par un flot de larmes et de colère. Tu t’étais ainsi plantée devant lui, plaçant ta mère derrière toi et tu l’avais défié. Oui toi, Yoru, adolescent de tout juste 15 ans, rabaissé sans cesse par cet homme amer et odieux, toi dont le cœur était si fragile, tu avais décidé de tenir tête à cet homme entrainé et dont la force n’était plus à prouver. Tu avais terriblement peur au fond de toi. Il aurait pu vous tuer d’un seul coup… Il s’était alors levé, te toisant de son regard injecté de sang, son haleine de whisky manquant de t’arracher un haut le cœur et il t’avait frappé. Un coup de poing. Un seul. Tu avais vu les étoiles n’est-ce pas ? Tu te souviens encore du goût ferreux qui s’était rapidement répandu dans ta bouche avant que tu ne t’effondres sur le sol. Tu avais repris tes esprits à l’hôpital. Rien de cassé, l’intérieur de ta joue s’était simplement ouvert. Pourtant, tu avais compris une chose. Une chose simple. La guerre était déclarée.

Ainsi s’en suivit un bras de fer sans fin. Plus tu l’entendais cracher à ton encontre, plus tu prenais un malin plaisir à approfondir tes prédispositions pour l’art et la sculpture. Tu obtenais de bonnes notes en cours, fait qu’il ne pouvait jamais te reprocher mais ce qui le rendait fou, par-dessus tout, c’était ta sensibilité. En digne fils de ta mère, tu avais hérité de son attrait pour les arts et il s’avérait que tu étais très doué de tes mains. Alors tu enchainais les cours supplémentaires. Chaque fois que tu rentrais tard le soir, chaque fois, une gifle fendait l’air. Toujours plus forte. Qu’importe. Tu encaissais. Parce que temps que tu encaissais, il ne touchait plus à ta mère. Elle respirait. Alors tu décidas de jouer ce nouveau rôle, le petit héros. Tout le monde aime les héros non ? Tu affrontais. Tu encaissais. Silencieux. Tu ne lui parlais jamais, tu ne criais jamais. Ainsi t’es-tu forgé ce masque de lassitude qui savait l’énerver au plus haut point. Et tu jubilais. L’emprise avait changé. Peu importait le nombre de coups ou d’insultes, tu étais devenu, le centre de ses pensées et de ses préoccupations. Ainsi pu-t-il comprendre ce que toi-même, tu ressentais étant enfant. Penser si fort à une personne qui n’en a cure… Douloureux n’est-il pas ? Plus douloureux que n’importe quel coup. Ton diplôme fut obtenu et avec lui, une formation de sculpteur sur bois et résine polyuréthane. Un sculpteur de poupées artisanales, avait accepté de te prendre sous son aile. Cette décision, bien entendu, acheva de creuser un gouffre sans fond, entre ton père et toi. Pourtant, paradoxalement, dès ton premier jour de formation, il t’avait semblé remarquer une baisse des cadavres de bouteilles…

Obtenir un diplôme de formation dans un métier que l’on chérit, est censé être un événement fabuleux, gonflant notre fierté et galvanisant notre égo. En ce qui te concerne, ce grand jour, te laissa un goût acre en bouche, provocant hauts le cœur incontrôlés. Il était pourtant sobre depuis un mois. Il avait cessé de te frapper. Animal blessé en quête de rédemption. Tu le voyais. Tu remarquais ses efforts silencieux et sans que tu ne le veuilles, ce constat savait réchauffer ton cœur meurtri. Alors tu te réjouissais, oui tu avais hâtes de pouvoir agiter ton diplôme sous le nez de tes deux parents qui auraient été assis dans cette salle. Tes doigts venaient de se refermer sur le rouleau paré d’un joli ruban, lorsque ton mentor était venu, blême, t’annoncer la sinistre nouvelle. Un accident de voiture impliquant un chauffeur ivre. Décédés sur le coup. Y a-t-il plus cruel et ironique, que le destin ? Alors tu t’étais effondré, écrasé par le poids de la douleur hurlante qui venait de briser ton corps.

Aujourd’hui ? Orphelin du monde. Oh bien sûr, des connaissances parsèment ton existence, de ça, de là. Avoir repris la boutique de ton mentor parti à la retraite te permet de maintenir un certain cercle social. Ainsi tu ne sombres pas dans une existence de reclus, entouré de tes œuvres. Un petit studio juste au-dessus de ta boutique. Une pointe d’inquiétude enserre ton cœur à chaque fois que tu relèves ton courrier. Après tout, l’Incontestable ne devrait pas tarder à se manifester pas vrai ? A moins que lui aussi, garde quelques traces du passage de la vague. Ces dernières semaines, tu n’as jamais eu autant d’enterrements. 5 ou 6 en tout cas. Des connaissances, des clients que tu avais côtoyés un peu plus loin que le stade du professionnel. Tu ne pouvais pas ignorer leurs obsèques. Vêtu de noir, la mine un peu moins lasse que d’ordinaire, tu étais venu, admirant les effets désastreux de la grande faucheuse, la dernière mère. La mort, on ne s’y fait jamais complètement pas vrai ? Et c’est dans ces sinistres semaines que tu t’es promis une chose, que tu t’es fixé une sorte de but. Une promesse d’avenir. Ouvre-toi au monde. Toi qui es si sensible et qui, pourtant, te tapi derrière cette lassitude menteuse. Ton cœur brûle d’impatience d’exploser…
Riamu
Riamu

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Date d'inscription : 23/05/2018

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