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Cerise Mei

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Cerise Mei Empty Cerise Mei

Message par Riamu Jeu 31 Mai - 21:29

Cerise Mei D64ef410

Cerise Mei
23 ans
Hétérosexuelle
Japonaise
Danseuse classique professionnelle

Histoire >

Les lumières s’éteignent lentement, au même titre que les bribes de conversations qui enrobaient la salle toute entière. La lumière mourante, emportant avec elle le moindre son. Tes cils s’abaissent sur tes iris d’un bleu si pâle et ton souffle se bloque dans ta poitrine. Comme si respirer, serait trop bruyant pour cet instant. Alors tu te concentres, pinçant tes petites lèvres alors que tes sourcils se chiffonnent sous ta frange noire. Tes mains aux doigts si fins, emprisonnent l’extrémité de ta jupe, froissant le tissu. Tu déglutis. Le monde semble attendre. Comme toi. Avec toi. Puis là, alors que tes yeux scrutent la noirceur qui vous enrobe, une fine lumière d’or s’allume. C’est doux, léger, comme un lever de soleil. T’autorisant enfin à respirer, tu inspires un peu bruyamment une goulée d’oxygène salvateur. Un sifflement agacé te parvient, t’arrachant à ta contemplation naïve et lorsque ton regard rencontre la mine courroucée de ta maman, une fine lueur de tristesse vient tirer tes traits.

-Cerise, on ne fait pas ce genre de bruit dans un opéra.

Te voilà peinée de l’avoir ainsi contrariée. Ton regard s’abaisse sur le sol tandis que tu acquiesces timidement. Tu ne savais pas, après tout, tu n’as que 4 ans. Puis c’est ta première fois. Mais qu’importe, mère veut que tu sois parfaite. Lentement, tu te risques à reporter ton attention en direction de la scène et c’est là que tu les remarques enfin, ces petites silhouettes à peine éclairées, qui commencent à se mouvoir en-dessous de l’estrade. L’homme un peu plus surélevé que les autres, lève alors une main dans les airs et tu remarques qu’une fine baguette se trouve entre ses doigts. Au moment même où il bouge son bras, les silhouettes s’affairent et une étonnante mélodie s’élève dans les airs. Les notes sont douces et légères, comme parées d’ailes colorées semblables à celles des papillons. Ta bouche s’entrouvre alors et une drôle de sensation vient alors se glisser dans ton petit cœur. Instinctivement, tes mains viennent se plaquer sur l’emplacement de ton cœur. Il bat si fort ce petit, se calant sur le rythme imposé par l’orchestre. Ton regard si curieux s’agrandit un peu plus. Puis là, les rideaux s’ouvrent et une belle dame à l’étrange tenue, apparaît devant tes yeux ébahis. Tout à coup, sa voix éclate dans la salle, te bouleversant jusqu’au cœur de ton anatomie. Tu as envie de te lever d’un bond de ton siège et de crier avec elle. Mais elle ne crie pas. Elle chante ? Non pas complètement. En fait c’est un mélange des deux. C’est si fort et si troublant. Et puis cette musique… Voici que d’autres personnes arrivent et se mettent à danser. Ils sont tous si élégants et les dames… L’émerveillement dévore ton visage tout entier et ton cœur bat si fort qu’il en devient presque douloureux. Tout ça, ces mouvements, ces couleurs, ces voix et ces chants. Une véritable symphonie explosive qui emporte avec elle ton esprit d'enfant. Au fur et à mesure que l’opéra continue sa course effrénée, les émotions se succèdent en toi, te bouleversant ou t’écrasant avec force. Tantôt tu te noies, tantôt tu as envie d’éclater de rire. Pourtant les mots, ce qu’ils disent, tu ne les comprends pas. Cette langue. C’est autre chose. Ce n’est pas du japonais. Mais ton cœur lui, il comprend. Par les notes. Par les intonations de voix. Un tout. Comme si toi aussi, tu faisais partie de ce tableau, de cette œuvre si poignante.

Puis là, après plusieurs heures, le dénouement se meurt enfin et les applaudissements vont bon train. Et toi, petite demoiselle aussi haute que trois pommes, te voici les larmes aux yeux et les joues rosies, en train de fixer la scène à présent vide. Le souffle court et l’esprit encore si loin, tu réagis à peine lorsque tu sens la main de ta maman venir s’emparer de la tienne. Tu la suis, docile et silencieuse, encore sous le choc de ce spectacle si violent. Mère vous guide hors de la salle et lorsque tu aperçois le chauffeur qui vous attend sur le trottoir à l’extérieur du bâtiment, tes petits pieds parés de ballerines cirées, s’arrêtent net d’avancer. Sentant une retenue, ta maman s’arrête à son tour et pose ses prunelles sombres sur ton visage si inquiet.

-Cerise. Allons, ne fais pas l’enfant. Nous devons rentrer.
-Mais… Je n’en ai pas envie…

Tu fais la moue tandis qu’un soupir excédé s’échappe des lèvres rougeoyantes de ta mère. Elle se penche un peu dans ta direction, son air sévère te jaugeant de haut en bas avant que sa voix glacial ne claque à tes oreilles.

-Ma chère enfant, tu n’es pas là pour faire ce qui te plaît mais ce que je te dis.

Son regard si dur étrangle alors dans ta gorge, la moindre note de protestation. Tu abaisses les yeux, le voile de la tristesse venant rehausser tes traits. Tu ne pipes mot. Satisfaite du résultat, elle se redresse et t’entraîne jusqu’à la voiture dont la portière est ouverte par le chauffeur. Tu t’y engouffres mollement, te hâtant toutefois de t’asseoir à l’autre extrémité de la banquette arrière afin d’installer une distance prudente entre vous. Un petit soupir las t’échappe alors que tu observes ton reflet dans la vitre teinté de la bentley, ignorant pour le moment que cette phrase lâchée par ta mère, suffira à elle seule, à résumer toute ton existence à venir…

**

-Je n’en peux plus Griselda ! Je vais exploser si je continue de la sorte !

Et tu cries, tes mains s’abattant sèchement sur la surface parfaitement cirée de la table de la salle à manger. Tu n’en peux plus. Mais de quoi ? De cette vie. Ainsi même toi, Cerise Mei, fille adoptive de la richissime Elisabeth Mei, te retrouves rongée par la crise d’adolescence. Tout te paraît si injuste, si étriqué dans ce quotidien réglé à la seconde près. Les jours se ressemblent trop et s’alignent trop. Tu te meurs à petit feu dans ce quotidien de fille de bourgeoisie, enchaînant les cours avec ta préceptrice à domicile. Tu étudies, travailles et apprend. Mère t’en demande tellement. Fille de bonne famille, tu es irréprochable. Polie. Cultivée. Intelligente. Douce. Mais aussi et surtout, soumise. Incapable de tenir tête à cette mère qui revêt davantage le manteau de patronne que de maman. Après tout tu n’étais qu’un ordre de l’Incontestable. Une tâche à accomplir. Au rabais qui plus est… Mère est stérile et elle et père préféraient alors adopter. La couleur de tes yeux lui avait plue.. Puis il avait suffit d’un seul regard de sa part pour que tu cesses de pleurer. Elle t’a toujours un peu effrayée…

Mais aujourd’hui, tu étouffes. Tu as l’impression de te noyer, toi qui ne fais que rêver de musique en secret, te perdant dans les célèbres symphonies de ces compositeurs d’un autre temps. Mozart. Beethoven. Chopin. Liszt et tant d’autres… par leur musique, ils t’offrent une échapptoire. Ca te suffisait. Jusqu’à présent. Mais, telle une droguée s’étant cruellement habituée à sa dose, tu réalises qu’il t’en faut bien plus. Tu as besoin de t’évader. De t’envoler de toutes ces contraintes…Juste un peu. Alors tu cries, là, devant ta préceptrice, ignorant complètement le fait que tu es censée étudier tes maths. La quinquagénaire te toise derrière ses lunettes en forme de demi-lune, promenant sur tes traits un regard piquant. Tu détournes rapidement les yeux, gonflant légèrement une de tes joues en une moue boudeuse.

-Alors danse.

Sa voix au grain chantant te désarçonne aussi poses-tu un regard franchement interloqué sur sa personne.

-Comment ça ?

Un sourire énigmatique s’invite sur les lèvres de ton enseignante alors qu’elle quitte son siège afin de se diriger vers les deux grandes portes coulissantes de la salle à manger. Glissant son visage entre les battants, elle interpelle une des domestiques de la demeure.

-Mademoiselle Mei va passer un examen, que personne ne vienne nous déranger surtout.
-Bien madame.

Griselda referme alors les portes, verrouillant ces dernières tandis que tu continues de la dévisager avec incompréhension. Mais enfin de quel examen parle-t-elle ? Vous n’avez rien prévu de tel aujourd’hui. D’un pas rapide, ses talons claquant sur le parquet en chêne, elle se dirige vers la chaîne stéréo et capture entre ses mains, l’un de tes vieux cd de musique classique. Tu aimes écouter de la musique lorsque tu dois, justement, passer des examens. Elle glisse le cd dans l’appareil et vous ne tardez pas à entendre les premières notes de « sonate au clair de lune » par Beethoven. Ton enseignante pose alors ses prunelles sur ton visage et déclare d’une voix ferme.

-Danse Cerise.

Curieuse et sincèrement troublée, tu te lèves de ta chaise afin de t’approcher de la quinquagénaire.

-Mais enfin de quoi parlez-vous, Griselda.

Un soupir tombe de sa bouche.

-Cerise, tu es la descendante de la riche et puissante famille Mei. On attend de toi, l’attitude d’une princesse d’antan et la perfection qui sied à ta condition. Tu es formée, éduquée et élevée dans ce but. Jamais tu n’y échapperas.

Ce constat, aussi réel et vrai est-il, te paraît soudainement bien amer et pénible. Tes traits s’affaissent alors douloureusement, laissant la place à l’abattement.

-Cependant… si tu veux pouvoir tenir ce rôle, il te faut un exutoire. Quelque chose qui n’appartiendra qu’à toi et qui saura plaire à tes parents.

Lentement, ce que Griselda essaie de te dire, parvient à se frayer un chemin jusqu’à ta conscience, t’arrachant une moue franchement surprise alors que tu observes son sourire amusé.

-La danse classique est une discipline des plus nobles.

Tu t’humectes les lèvres, te remémorant alors toutes les fois où tu avais assisté à un opéra ou un ballet de danse classique, seuls plaisirs que ta mère était d’accord de t’offrir. Tu repenses aux sensations, à ces picotements, ces fourmillements qui te dévoraient à chaque représentation. Tu pensais que cette flamme étonnante provenait des émotions apportées par la musique. Mais…Mais peut-être…qu’il y avait autre chose ? Lentement, tes paupières s’abaissent sur tes iris bleutées et tu inspires profondément. Ton esprit se vide peu à peu, laissant la place au note du piano qui s’élèvent et ondulent dans les airs. Tu repenses  alors à ces femmes qui ondulaient et se cambraient avec élégance au fil des notes. Tu revois leurs longues jambes s’étendre avec grâce et leurs tailles fines s’arquer vers l’arrière. Tu revois leurs bras s’allonger et leurs doigts se raidir avec élégance. Tu inspires. Vas-y Cerise. Danse. Alors timidement, les yeux toujours clos, tu élèves une main au-dessus de ta tête avant que ton bras ne fasse mine de s’ouvrir sur le monde. Ton second bras mime le même mouvement avant que ta jambe ne fasse quitter le sol à ton pied et ne vienne se plier sur le côté. Et tu te meus, lente et gracieuse, laissant la chanson venir lécher chacun de tes membres pour mieux les laisser parler à ta place. Les notes se piquent et s’enchainent au même titre que tes mouvements. Tu tentes, essaies et mimes ce que tu as déjà pu observer. Oh bien sûr, tu le sens que tu es bien loin du niveau de ces femmes, de ces danseuses incroyables pourtant tu trembles d’excitation. La mélodie résonne en toi, faisant vibrer ton cœur et ton corps en un écho parfait.
Lorsque les notes se terminent, que la musique s’essouffle, tu t’arrêtes à ton tour, haletant et les sens en éveil. Ton souffle saccadé résonne dans la grande salle vide. Ton cœur bat si fort… Comme si tu venais de t’éveiller d’un long, trop long sommeil. Les applaudissements mesurés de ton enseignante, t’arrache à ton émerveillement, faisant naître sur ton minois, quelques rougeurs d’embarras.

-C’était naïf et très beau Cerise.

Naïf…comme un enfant apprenant à marcher. Et beau. Parce que tu te sentais véritablement habitée lors de ce tout premier essais, mettant de côté tout ce que l’on se tue à entrer dans ton esprit pour ne laisser parler que tes émotions, emportées par les notes jouées… Oui…Lentement, tes yeux se posent sur tes mains encore tremblantes, ton souffle chaud s’extirpant péniblement de tes lèvres. C’est ça, la solution. Ce dont tu as besoin pour supporter la pression du quotidien, ce qu’il te faut pour colorer cette vie que tu trouves si fade et si morne. La danse. Que ton corps explose en un milliard de croches, de rondes et de double croches. Que ton cœur s’écrase sous des gestes précis que tu auras appris. Que ton souffle s’étrangle sous l’effort que tu glisseras dans tes jambes. Pour la première fois en seize ans d’existence, tu crois savoir pour quoi tu es faite…tu es née, pour danser, Cerise.

**

-Mon enfant ! Te compter à nouveau parmi nous me réchauffe le cœur.
-Bonjour mère.

Un doux sourire enrobe tes lèvres. Une embrassade bien courte, des échanges polis. Cela fait pourtant une année que vous ne vous êtes plus vues. 365 jours durant lesquels tu ne faisais que danser, t’épanouissant pleinement dans la tournée mondiale effectuée par le ballet duquel tu fais parti. Plongée dans le rôle principale, tu avais fait un véritable tabac dans les diverses salles par lesquelles ta troupe était passée. Sans doute ta mère en avait-elle profité pour se pâmer d’orgueil dans ses innombrables réceptions et autres dîner de bourgeois. Père t’envoyait de temps en temps quelques texto d’encouragement ceci dit. C’est plutôt drôle de constater que cet homme davantage semblable à un étranger pour toi, se trouve être le parent le plus « attentif »…Drôle oui…ou triste. Tout dépend de la manière de voir les choses sans doute… Toujours est-il que te voici rentrée au pays, rapidement ramenée à la maison familiale par votre chauffeur. Il t’avait félicité, Mr Gintama, sincèrement fier de toi, quand bien même il n’était pas ton père.. Mais il t’avait vu grandir. Griselda t’avait beaucoup encouragée et soutenue elle aussi, t’appelant presque tous les jours pour avoir de tes nouvelles. Oh bien sûr tout ceci reste secret, mère risquerait de mal le prendre. Alors oui, tu lui adresses quelques uns de ces doux sourires que tu as appris à jouer, la suivant docilement jusque dans le séjour. Elle s’installe dans le creux de son fauteuil en cuir rouge tandis que tu prends place sur la causeuse non loin.

Un sourire étire ses lèvres parées de rouge, de ceux qu’elle porte lorsque quelque chose sert ses intérêts et ceux de la famille Mei.

-Cerise, ma chère, maintenant que tu es de retour et que tu files sur tes 24 ans, je suis en droit de nourrir l’espoir d’un mariage prochain.

Ton expression à la fois douce et attentive ne se fane pas pourtant, intérieurement, une pointe de douleur se tortille. Oh non pitié, que personne ne vienne te mettre la bague au doigt… Tu as beau faire partie de la bourgeoisie de Tokyo et ainsi être noyée dans ces familles qui glorifient l’Incontestable, tu es contre ce système. Toi qui es déjà pieds et poings liés dans ta vie, toi qui n’as le contrôle que sur la danse… L’idée d’un mariage arrangé, t’exècres au plus haut point. Tu détestes cette perspective, maudissant cette épée de Damoclès qui pend au-dessus de ta frêle petite tête. Tu refuses de te marier quand bien même tu sais que tu n’as pas le choix. On te dit quoi penser, quoi porter, quoi manger, comment te tenir, comment parler…Et voilà que l’on veut te dire Qui aimer. N’est-ce pas cruel que de te déposséder ainsi de tout ce qui compose ton existence ? Ce mariage, tu le renier, hurlant silencieusement ta haine secrète.

-Qu’est-ce qui vous donne si bon espoir, mère ?
-Et bien il s’avère que ton arrière-grand-mère, ta grand-mère et moi-même avons toutes été mariées entre 23 et 25 ans. Comme une sorte de tradition !

Ton air candide perdure. Des années d’entrainement à laisser paraître autre chose que ce que tu ressens. Tu bats des cils, un fin sourire étirant tes lèvres.

-Dans ce cas, peut-être vais-je moi-même respecter la tradition ?

Un rire s’envole de ses lèvres. Toi, tu as envie de pleurer. Mais rien ne bouge sur la surface, tout reste lisse et contrôlé, d’une perfection à faire peur. Oh mais tu hurleras plus tard Cerise, tu cracheras ton désespoir à ta manière… Sur quelques notes, de Debussy.

Caractère >

Comment expliquer ce que tu es ? Cet amalgames d’émotions diverses est parfois si difficile à déterminer… Comme si nous ne pouvions en trouver le commencement. Peut-être faudrait-il débuter par ce qui compte le plus ? Mais pour qui ? Pour elle ? Pour ta mère, sans doute laisserait-elle entendre quelle fille cultivée tu es. La génétique de parents biologiques dont tu ignores tout, a su te doter d’une excellente mémoire et d’un sens de l’observation très poussé. Peu de choses t’échappent et une fois les informations ancrées dans ta mémoire, elles peinent à s’en échapper. Pratique pour les cours. Douloureux lorsqu’il s’agit de réaliser à quel point ton existence est dénuée d’amour et de tendresse…

Pour ton père ? Le plus important est sans aucun doute ton côté docile. Après tout, que faire d’une enfant impulsive et vulgaire, qui n’en ferait qu’à sa tête ? Rien de bon. Mais toi, Cerise, tu es si docile, soumise à ce monde débordant de règles hypocrites et de richesses répugnante. Tu n’as jamais su dire non, conditionnée dès ton plus jeune âge pour accepter, endurer et encaisser sans jamais te plaindre. Parce qu’une femme qui crie ce n’est pas élégant. Parce qu’une femme qui pleure c’est laid. On ne rit pas non plus à gorge déployée et on ne verse de larmes d’émotion que lorsque cela peut servir les intérêts de la famille Mei. Mais en règle générale, sois belle et tais-toi, Cerise. Ton avis, on en a cure, seul compte ce sourire ravissant que tu affiches et cet air faussement intéressé. Si l’on te dit marche, tu marches, si l’on te dit rampe, tu rampes. Ainsi modelée. Ainsi construite. Ecrasée sous des années de gestes conçus pour devenir automatiques, une seconde nature. A cette docilité devenue naturelle, ton père aime ajouter que ton calme inné est également très important. Habituée à travailler sous une certaine pression, il est vrai qu’il en faut beaucoup pour que tu vacilles sous les élans de la panique ou de la peur. Une femme de bonne famille ne se répand pas en crise de nerfs après tout ! Elle analyse la situation et délimite les solutions adéquates. Elle ne s’émeut pas au moindre obstacle, aussi grand soit-il !

Oui ils parleraient sans doute pendant des heures de la fille parfaite que tu es devenue. Raffinée, gracieuse dans chacun de tes gestes. Incapable de vulgarité, incapable de colère réelle. Tu as été conditionnée au-delà de leurs espérances si bien qu’ils en viendraient presque à oublier que tu es une enfant adoptée. Ils te dépeindraient volontiers comme cette poupée de porcelaine, fragile et maniable, décorant avec goût leur intérieur…Mais toi, Cerise, dis-nous, qu’est-ce qui est le plus important chez toi ? Ce qui se cache sous la surface. Derrière tes sourires de pantins et tes gestes de princesse, se cache quelque chose de sensible et de brutalement vivant. Quelque chose qui crie en silence et qui pleure en secret. En réalité, tu es tellement plus qu’une fille de bonne famille bien élevée… Tu es une passionnée, une artiste qui s’envole à chaque fois qu’elle enfile ses chaussons de danse. Le piano, le violon, la contrebasse.. tant d’éléments qui te permettent de laisser exploser tes émotions en un flot de gestes mesurés et contrôlés. N’est-ce pas paradoxal que de se laisser submerger par des émotions déchainées en les laissant se tordre sous des gestes précis et rigoureux ? Oui…un composé de contraires. Comme toi. Parce que tes sourires dissimulent cette envie de tout faire voler en éclats. Ah si seulement tu pouvais te libérer de tes chaînes d’argent… Mais ce monde débordant d’opulence écoeurante, est le tiens. Tu ne connais que cet univers d’hypocrisie et de mensonge. Même si ce monde t’exècre…Et bien…c’est Ton monde. Alors tu le supportes et le vis pour mieux t’agripper désespérément à la danse classique. Plus qu’une bouée de sauvetage, elle est ton arceau de sécurité. Ton garde-fou. Te l’enlever c’est te tuer, purement et simplement.

Alors tu t’emplois à ne pas trop t’attirer les foudres de ta mère, exécutant ses requêtes avec déférence. Dans le fond, c’est gérable tout ceci pas vrai ? Puis tu as tes petites habitudes aussi. Seule une ombre persiste…Cette dernière est composé de circuits électroniques et d’algorithmes. L’Incontestable. Oh tu le hais n’est-ce pas ? Tu le détestes de t’avoir privé du seul choix que tu aurais réellement voulu avoir. Le droit d’aimer selon ton cœur. Petite, tu nourrissais un espoir naïf de prince charmant. Tu soupirais d’envie lorsque tu étudiais l’histoire de Roméo et Juliette. Tu te plaisais même à rêver à quoi pouvait bien ressembler l’époux de tes rêves… Hélas, tu as bien du abdiquer et laisser de côté tes désirs de jeune femme romantique. Tout est calculé d’avance dans ta vie, après tout. Tout est mesuré. Prévu…Alors pourquoi le mariage ferait-il exception ? Tu épouseras celui ou celle, que l’on te désignera et, comme pour tout le reste, on en a cure de ton avis, Cerise…. Tu n’es qu’un minuscule fruit rouge…perdu sur un arbre immense.
Riamu
Riamu

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Date d'inscription : 23/05/2018

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