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Mathias Orme

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Mathias Orme Empty Mathias Orme

Message par Riamu Lun 28 Mai - 21:56

Mathias Orme C048a510

Mathias Orme

27 ans

Concepteur de sites internet en freelance

Batteur

Accro aux cacahuètes au wasabi
__
Ça secoue. Le bus WV tressaute sur les quelques irrégularités de la route. Ton épaule heurte parfois le montant de la fenêtre. Tu es si fatigué et pourtant, un adorable sourire béat étire tes lèvres, s’étalant sur ton visage pour mieux cracher sa joie silencieuse. Tant d’allégresse. C’était si bon pas vrai ? Quand tu y repenses… La foule. L’énergie qui s’écoule de la scène pour électriser chaque personne présente. Les cris des fans. Les lumières qui léchaient ta peau légère halée tandis que tu suais sous la chaleur étouffante des projecteurs. En y repensant, tu avais passé plus de temps à torse nu qu’entièrement habillé. Tant pis. Ça avait été ton moment, ton caprice. Enfin le Vôtre. Jackson avait eu une telle pêche sur scène, il n’arrêtait pas une minute de sauter, de danser, cajolant sa gratte tel un amant. Et Markus… Alors lui tu croyais bien que vous l’aviez perdu…Il était tellement pris dans son corps à corps avec sa basse, qu’il en avait presque oublié que vous étiez sur scène. Mais toi…Tu étais électrique Matt. Habité par quelque chose de grisant et d’incontrôlable. Quelque chose qui faisait battre ton cœur tellement fort que tu avais peur qu’il finisse par exploser tes côtes. C’était si intense. Tu as encore tellement d’étoiles dans les yeux… Si bien que tu ne réalises pas de suite que le bus de votre groupe s’est enfin arrêté à la première destination.

-Hey Matt. Le vanne c’pas un hôtel, alors bouge tes fesses.

Tu lèves mollement une main au-dessus de ta tête, signe que le message a bien été reçu par ton esprit fatigué. La porte coulisse sur le côté du véhicule. Ton visage se tourne et tu avances péniblement, à moitié plié avant que tes mains ne viennent agripper chaque côté de l’ouverture. Tu t’extraies du véhicule et lorsque tes baskets heurtent le goudron du trottoir, tu en profites pour t’étirer longuement, tes mains tendues vers le ciel comme si elles cherchaient à l’atteindre. Mais n’est-ce pas un peu ce que vous avez fait pendant cette dernière semaine ? Atteindre les étoiles ? Tu te plais à penser que oui, au moins un peu. Tes iris vers olive s’écoulent sur le ciel orangé. Le soleil se lève à peine. Tout est si calme. Tu promènes ton attention alentour, glissant tes mains dans les poches de ton jeans. Le quartier est si paisible à cette heure-ci, encore embué dans son manteau de sommeil. Le monde frémit timidement et s’étire, s’éveillant à peine.

-Matt.

Tu te retournes juste à temps, réussissant par tu ne sais quel miracle, à rattraper ton sac de sport que Jackson te jette à la figure.

-Mec, t’es dur là…
-Fallait être moins sauvage sur ta batterie !

Te dit-il tout en te gratifiant d’une tape sur l’épaule. Tu lèves les yeux au ciel, appuyant ton sac contre ton dos.

-Moi ? Moins sauvage sur ma batterie ? T’en demandes trop là.

Il pouffe de rire à ta remarque avant de venir t’enlacer.

-Aller repose-toi champion. Et salue Clem’ pour moi.
-Promis.

Tu recules d’un pas, adressant un dernier signe de la main à un Markus presque endormi dans le vanne. Du repos. Ouais. T’en as bien besoin après ces cinq jours épuisants. Tes prunelles s’attardent encore un instant sur le quartier et lorsque les lumières commencent à s’allumer de ci de là, tu te décides à rentrer, pivotant sur toi-même afin de rejoindre le palier de la porte d’entrée d’un pas las. Tu farfouilles dans ta poches avant d’en sortir un trousseau de clef, tes iris ne manquant pas de rencontrer les billes bleutées du loup en peluche miniature offert par Clem’. Tu glisses la clef dans la serrure et ouvres doucement la porte boisée. Tu tends le cou, ta tête apparaissant timidement dans l’entrée. Oreilles aux aguets. Pas un son. Tu hausses un sourcil avant d’ouvrir pleinement la porte, t’engouffrant à l’intérieur avant de la refermer silencieusement derrière toi. Seul le bruit de ton sac de sport lâché au sol, vient briser le silence de la demeure. Curieux… Tes billes s’attardent sur le sommet des escaliers en face de toi, guettant la moindre silhouette. Rien. Alors tu fais coulisser lentement la porte à ta droite, menant à la salle de séjour. Tout à coup, tes prunelles s’écarquillent et tes lèvres s’entrouvrent légèrement. Elle est là. Couchée en boule sur votre vieux canapé, ses bras fins enroulé autour d’une des peluches que tu lui as offerte. Un fin ronflement s’échappe de son petit nez, rapidement suivi d’un sifflement doux s’échappant de ses lèvres légèrement ouverte. Un sourire attendri s’empare de tes traits. A tous les coups elle s’est levée au milieu de la nuit dans le but de t’accueillir lors de ton retour. Sans un bruit, tu déposes tes clefs sur la table basse et tu remarques alors qu’un énorme bol de la taille d’une pastèque et rempli de cacahuètes au wasabi, trône fièrement. Ton regard pétille. C’est qu’elle te gâte ta petite sœur. Ni une ni deux, tu plonges ta main dans les billes vertes et en ressort une bonne poignée avant de venir t’asseoir sur le rebord du canapé. Tu glisses alors quelques boules piquantes entre tes lèvres. Si tu devais te définir comme un drogué, ce serait sans doute à ces petites choses… Tu adores ça… ça remonte à quoi ? 17 ans ? Tu avais tout juste 10 ans quand papa en avait ramené une fois par hasard et par erreur. Miyako lui avait demandé d’acheter quelques bricoles pour l’apéro du vendredi et, pensant bien faire, ton père avait ramené un paquet de bretzels et un paquet de cacahuètes au wasabi. Tu y avait goûté et depuis..plus jamais lâché. Markus dit souvent que tu devrais arrêter, paraît que parfois quand tu parles, tu sens le wasabi.

Les perles s’écrasent entre tes dents alors qu’un timide geignement se fait entendre. Ton regard se pose sur son visage et tu vois ses yeux commencer à s’ouvrir lentement, battant plusieurs fois des cils. Tu ne dis rien, ne bouges même pas, attendant de voir sa réaction. Ses billes d’azur se fixent une seconde sur l’écran noir de la télévision, puis s’écoule sur le parquet abîmé du séjour. Tu souris. Elle ne t’a pas encore vu. Elle se tourne alors lentement, cherchant à s’allonger sur le dos tout en repoussant quelques mèches de sa crinière si pâle. Elle veut étirer ses jambes nues mais lorsque ses pieds rencontrent un obstacle, ses yeux se rouvrent et son petit minois se redresse. Vos regard se heurtent enfin. Son visage s’illumine d’un large sourire alors qu’elle se redresse à la hâte pour se jeter sur toi.

-Mathias ! T’es rentré !

Tu éclates de rire lorsque sa frêle silhouette s’écrase contre ton buste, quelques une de ses mèches venant s’échouer contre ton visage.

-Oui ma puce, je suis là. Entier mais crevé.

Elle te serre fort contre elle et tu réponds volontiers à cette étreinte, humant un instant la douce odeur de musc qui enrobe sa chevelure. Parfum familier. Apaisant. Un soupir d’aise t’échappe. Clémentine te relâche au bout de quelques instants, s’asseyant en tailleur face à toi avant que ses doigts ne viennent s’amuser avec ton bracelet en cuir. Ses billes de ciel s’accrochent aux tiennes.

-Alors ? cette semaine de concert c’était comment ?
-Hallucinant. C’était dingue j’te jure ! Jackson te passe le bonjour d’ailleurs.

Son sourire s’agrandit, réchauffant ton cœur de grand frère protecteur au passage. Puis voici soudain qu’elle fait la moue, se renfrognant.

-C’est pas juste…J’aurais tellement voulu vous accompagner…

Un rire t’échappe avant que tu n’enfournes d’un seul coup, le restant de ta poignée de cacahuètes.

-Quand t’auras obtenu ton diplôme, promis tu viendras ! Mais termine le lycée avant.

Elle te fusille un instant du regard tandis que tu lèves les mains en signe de réddition.

-Désolé frangine mais papa et ta mère n’auraient pas aimé que tu loupes une semaine de cours, tout ça pour suivre ton imbécile de frangin et ses potes musicos.

Un petit soupir lui échappe avant que ses prunelles ne viennent se poser sur ton bracelet qu’elle triture.

-Ils te manquent parfois ?

Sa voix est plus ténue, plus fragile. Ton cœur se serre. Bien sûr qu’ils te manquent. Tu aimais votre père aussi fort que pouvait le faire un fils et quant à Miyako, ta belle-mère et maman de Clémentine, elle avait su remplir à merveilles l’image que tu t’étais faite d’une maman. Partis trop tôt tous deux. Beaucoup trop tôt. Happés et broyés par la vague. Laissant une Clem’ d’à peine 17 ans, sans parents pour veiller sur elle. Mais t’as dix ans de plus toi. T’as pu réclamer sa tutelle. Parce qu’on avait rien à te reprocher. Parce que tu gagnes honnêtement ta vie. Et peut-être aussi un peu parce que la meilleure amie de papa dirige le centre social de ton département. Ça aide. Alors forcément, là, un fin soupir t’échappe, léger et lourd à la fois, porteur de ce deuil que tu peines à faire entièrement.

-Bien sûr. J’aurais voulu leur raconter.
-Ils auraient adoré…

La tristesse présente dans la fond de sa gorge, t’écrase le cœur aussi te hâtes-tu te passer un bras autour de ses épaules pour l’attirer contre toi, déposant un baiser sur son front. Ta sœur se love un peu plus contre toi.

-T’es pas toute seule. J’te laisserai pas.

Tu aimerais dire « jamais » n’est-ce pas ? Mais vous savez tous les deux que ce n’est pas possible. Parce que le Japon est sous la tutelle d’un programme informatique. Parce que le destin de chaque être ne dépend que d’une minuscule puce électronique. Parce qu’aucune fuite n’est possible. Parce que vous êtes tous déjà condamnés. Mais tu le sais ? Oui tu le sais que sans l’Incontestable, jamais tu n’aurais eu une famille si heureuse et un passé aussi doux. Peut-être même n’aurais-tu jamais vécu dans ce quartier et ainsi tu n’aurais jamais rencontré Jackson. Il ne t’aurait pas emmené dans son garage pour te montrer la première chanson qu’il avait appris à jouer à la guitare et tu n’aurais jamais vu la batterie laissée à l’abandon parce qu’il n’avait pas accroché plus que cela. Ainsi jamais tu n’aurais tenu les baguettes entre tes doigts et découvert cette extension de toi-même. Sans l’Incontestable, tu n’aurais pas rencontré Miyako, cette femme qui a su combler le vide énorme qu’avait choisi de laisser ta mère biologique en refusant de te reconnaître à la naissance, t’abandonnant légalement aux droits de ton père. Jamais tu n’aurais vu débouler dans ta vie, ce petit bébé presque chauve à la naissance mais au regard océan si hypnotique qu’il avait su capturer ton cœur. Sans l’Incontestable, ta vie aurait été bien différente. Tu aurais peut-être été un enfant difficile et sans le moindre amis. Tu aurais peut-être mal tourné. Tu aurais pu être tellement de choses… Alors oui, selon toi, l’Incontestable peut amener de bonnes choses… Mais dans ce cas, pourquoi la peur te noue-t-elle l’estomac lorsque tu poses les yeux sur ta sœur ?

Parce qu’il pourrait te l’enlever n’importe quand. Demain peut-être ? Ou même aujourd’hui, juste après le passage du facteur ? L’enlever…pour la jeter dans les bras de quel genre de personne ? Un homme ? Une femme ? Violent ? Aimante ? Cette absence de certitude te terrifie pas vrai ? S’il lui arrivait quoi que ce soit… Tu ne t’en remettrais pas hein ? Si tu continues de marcher d’un pas assuré, si tu continues de taper sur ta batterie avec tant de passion, si tu continues de rires et de chanter, d’aimer et de danser, c’est parce qu’elle est là. Clem’. Ta précieuse petite sœur. Cette bouée qui te rattache au monde et t’empêche de sombrer. Tu tiens debout pour elle. Elle est ton pansement, ton baume réparateur et tu sens la plaie béante se refermer un peu plus à chacun de ses sourires.

Tu finis par te redresser, passant une main dans ta tignasse décoiffée et, ma foi, un peu imbibée de bière. Markus est du genre maladroit quand il a un verre dans le nez.

-Bon c’est pas tout ça mais j’ai de nombreuses heures de sommeil à rattraper sur mon planning.

Tu te relèves lentement, tes genoux craquant de désaccord. Clémentine se lève à son tour, étirant ses bras au-dessus de sa tête, laissant échapper un petit couinement.

-Et moi j’ai un rêve coquin à terminer !

Tu lèves une main, détournant le regard tout en commençant à te diriger vers la porte coulissante.

-Je n’ai pas envie de savoir ce genre de choses…
-Oh Matt, tu sais bien que je ne suis plus vierge..
-Tais-toi. Pitié.

Et elle pouffe de rire tout en te suivant dans les escaliers, se moquant ouvertement de ton air de grand frère bougon. Et bien quoi Mathias ? Tu le vois bien pourtant, que ta sœur change régulièrement de petit copain ? Un grognement t’échappe en réponse à sa petite remarque sur les prouesses sensuels de son dernier don juan en date. Ce qu’elle peut t’agacer par moment…

-C’est bon Clem’ ! J’veux rien savoir ! T’es casse pieds là !
-C’est fait pour ça les petites sœurs !

Glisse-t-elle avec moquerie tout en te tirant la langue avant de refermer la porte de sa chambre. Tu lèves les yeux au ciel, secouant ton visage à l’air résigné.  Tes doigts ne tardent ensuite pas à s’enrouler autour de la poignée de la porte de ta chambre et lorsque tu l’ouvres, la fine brise matinale qui filtre par la fenêtre légèrement ouverte de ta chambre, vient titiller tes narines. Tu t’approches de ton lit et t’assois lourdement sur le bord de ce dernier afin d’ôter tes chaussures. Tes iris rencontrent au même moment, le dos argenté de ton ordinateur portable dédié à ton travail. Une fois tes pieds enfin libérés de leurs chaussures et chaussettes, tu ne peux t’empêcher d’ouvrir ton appareil, le déposant sur ton coussin. Pendant qu’il s’éveille gentiment, tu en profites pour ôter ton t-shirt que tu jettes immédiatement dans ta panière à lessive sale. La page du menu utilisateur s’affiche et tu rentres ton mot de passe avant de te lever pour ôter ton jeans qui s’échoue mollement sur le sol. En sous-vêtement, tu prends ton ordinateur sur tes genoux et ouvres ta boîtes mail. Une fine ride se creuse entre tes sourcils. Apparemment, même si tu as précisé sur ton site que tu seras absent pendant 10 jours, cela n’empêchent pas les clients de venir te spammer. Au moins les affaires marchent bien. Tu râles un peu avant d’éteindre ton ordinateur, le reposant sur ta table de chevet avant d’aviser ton lit. Tu hésites. Une douche avant ou après ? Tu saisis une mèche de cheveux, la palpant plusieurs secondes entre tes doigts. Mh, ouais. Avant.

Rassemblant le peu d’énergie qu’il te reste, tu quittes ton antre, training, boxer propre et serviette de bain sous le bras avant de te diriger dans la salle de bain.
Riamu
Riamu

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Date d'inscription : 23/05/2018

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